Un scénario plus profond qu’il ne paraît
Alison Walker, une jeune femme de vingt-deux ans, est artiste peintre à Manhattan. Son premier vernissage a un petit succès. Aaron Stenford, le candidat à la mairie, est même venu. Mais son frère, Bayard, lance un sort depuis la terrasse, transformant la réunion en fiasco.
Or, Alison est une sorcière. Elle a quitté l’Under York, la ville souterraine siège de la magie à seize ans. Bayard est venu vers elle car ses parents et Ralph, son jeune frère, sont introuvables. Ils sont sous la coupe de Marduk, un démon qui a pris le corps de Ralph et veut conquérir le monde.
Le second tome commence quand Alison doit pratiquer un sort de sang pour repérer ses parents dans New York. Elle le fait avec un certain dégoût. Marduk veut s’enrichir, acquérir une fortune pour réunir l’armée qui fera de lui le maître absolu. Les parents d’Alison l’amènent à Wall Street où la bourse permettra de lever rapidement les fonds nécessaires. Pendant ce temps, le candidat à la mairie achète les services d’Ethain, un sorcier irlandais qui le fera élire. Son adversaire dispose du soutien d’une sorcière mexicaine.
À la bourse, Ralph-Marduk fait travailler les traders pour déclencher le plus gros krach de toute l’histoire de Wall Street. Apprenant, la réunion annuelle des chefs de la police new-yorkaise, de la NYPD, il veut y assister et en faire ses fidèles guerriers…
Avec Possession, le scénariste propose une suite plus explicative qui éclaire le passé de l’héroïne tout en la plaçant au centre d’une série d’actions plus ou moins dévastatrices. Le scénariste retrace deux parcours, celui du démon qui, installé dans le corps de Ralph, tient sous sa coupe les parents d’Alison, et celui de la jeune fille et de son frère qui cherchent à localiser le trio dans le labyrinthe new-yorkais.
Il séquence son récit, divisé en chapitres, avec des extraits du journal intime d’Alison, des pages manuscrites. Elle y donne des précisions sur sa vie antérieure, sur ses sentiments, sur ses rapports à la magie, précisant que celle-ci ne se pratique que dans la douleur.
Sylvain Runberg, par le biais du démon, pose un regard étonné, surpris, voire abasourdi sur le fonctionnement du système boursier, cette richesse virtuelle qui ne repose sur rien, qui n’est qu’un jeu d’écritures : «… leurs trésors sont imaginaires… débrouillez-vous pour trouver les meilleurs magiciens (traders) qui créent de la richesse avec du vide. »
Il évoque aussi le sort des sans-abri, de ces invisibles qui se réfugient dans les sous-sols. Il dénonce le sort de ces malades qui ne peuvent soigner des maladies qui se guérissent «…pour de futiles questions monétaires, ou plus exactement, d’égoïsme exacerbé mâtiné d’un manque d’empathie flagrant. »
S’intégrant dans une collection Young Adult, le scénario interpelle sur certains dysfonctionnements de nos sociétés, pour attirer l’attention et, peut-être, pour faire lever l’envie d’un changement. Le graphisme tonique, en osmose avec l’esprit du scénario, se partage entre Mirka Andolfo pour le dessin, Carmelo Zagaria pour l’encrage et Piky Hamilton (tous deux de l’Arancia Studio) pour la couleur.
Un second tome qui assoie les bases d’une histoire attrayante en attendant une conclusion dont on peut soupçonner la chute mais dont le scénariste garde encore secret les différentes péripéties qui vont y mener.
découvrir un extrait
serge perraud
Sylvain Runberg (scénario), Mirka Andolfo (dessin), Carmelo Zagaria (encrage) & Piky Hamilton (couleur), Les Chroniques d’Under York – t.02 : Possession, Glénat, coll. “Log-in”, mars 2020, 72 p. – 16,90 €.