Marion Dessaules, Ni le sol ni le soleil , Juste une voix & Une enfance aux éclats

A tra­vers les miroirs

Dans ses trois nou­veaux livres (un roman, des nou­velles et des mémoires d’enfance ter­ribles mais d’une force rare), Marion Des­saules ouvre des par­cours intimes à tra­vers divers lieux, his­toires et per­son­nages. Il y a là des pis­cines, des séances de psy­cha­na­lyse plus ou moins ratées, des moments de séré­nité et mêmes d’humour.
Des temps de pause aussi où, après douche et épi­la­tion, une héroïne prend le temps de s’en remettre aux mots croi­sés du “Nou­vel Obs”, de “Télé­rama” et même ceux de “Femme Actuelle” et de “La Vie du Rail” que découpe son père mais qui oublie par­fois de lui joindre la partie“horizontalement”.

Le réel est là au milieu de chaînes Hifi, de soi­rée “glou­bi­boulga”, de  femmes les­biennes –mais pas que — et de psy­chiatres qui non seule­ment peuvent cas­ser les burnes mais aussi rendre fous.
Peu à peu, un tel réel par­semé et habité de méta­phores obsé­dantes devient un uni­vers per­son­nel et étrange.

L’auteure en sait beau­coup sur la folie et la souf­france mais elle les efface par­tiel­le­ment d’autant que, peu à peu, elle a changé à la fois bien des dra­gons et de disques trop long­temps écou­tés. Celle qui écrit si bien et fort le mal de vivre reste arri­mée non au dur désir de durer mais d’exister. Marion Des­saules est capable de décrire bien des désordres psy­chiques mais elle sait aussi expri­mer le désir - tou­jours d’une manière pudique et presque neutre.
Ce “faux” ton  donne à ses fic­tions et véri­tés plus de poids. Jamais en mal d’imaginaire, l’auteure sait mon­trer ce qui chez d’autres auteurs semble irréel et abstrait.

Ici l’écriture dépasse tou­jours une simple dimen­sion com­pen­sa­toire en un uni­vers qui n’est plus seule­ment d’hommes et fait pour eux. Contre leur auto­fas­ci­na­tion elle pro­pose une approche où il ne s’agit plus seule­ment de  s’épingler au désir de l’autre.
Le tout dans un monde où peu à peu les cel­lules de divers enfer­me­ments sont rem­pla­cées par des biblio­thèques entre sol et soleil et contre le som­meil de l’âme et des corps.

lire notre entre­tien avec l’auteure

jean-paul gavard-perret

Marion Des­saules,
Ni le sol ni le soleil, 164 p. -  24,00 €.,
Juste une voix, , 150 p. - 23,00 €.,
Une enfance aux éclats,  132 p. -20,00 €.
MJW Fédi­tions, Paris, 2020.

1 Comment

Filed under Erotisme, Essais / Documents / Biographies, Nouvelles, Romans

One Response to Marion Dessaules, Ni le sol ni le soleil , Juste une voix & Une enfance aux éclats

  1. Villeneuve

    Non Fic­tion et intime dimen­sion . Voici Marion sous pseudo et JPGP fasciné.

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