Quand le passé conditionne le futur
UCC Dolores est un space-opera flamboyant, mettant en scène deux personnages fort différents. Mony est une jeune fille de dix-huit ans qui est sortie tout récemment du couvent où elle a toujours vécu comme orpheline. Mais dans le paquet qu’on lui remet, elle découvre, entre autres, le journal de son père. Cash est un baroudeur dont on connaît mieux, en lisant ce tome, une petite partie de son passé et les raisons qui le poussent à vouloir piloter le vaisseau spatial et assister Mony.
Les auteurs reprennent les thèmes du voyage interplanétaire, les découvertes d’autres planètes, d’autres civilisations, avec le prétexte de suivre un chemin au terminus mystérieux. Le parcours est ponctué de combats, de poursuites dans le vide spatial avec un dynamisme de mise. Le dessin de couverture illustre bien le ton de la série où l’action débridée est à l’honneur.
Mony, à dix-huit ans, hérite du vaisseau spatial de son père, auquel s’attache une sulfureuse réputation. Kash, un baroudeur, connaît le vaisseau et entraîne la jeune fille sur les traces de son père. Après quelques aventures mouvementées, ils atterrissent en catastrophe sur une planète et attendent l’extraction du cristal de propulsion qui leur permettra de repartir. En attendant, compte tenu des dangers qui les entourent et qui les attendent, Kash entraîne Mony au tir instinctif. Celle-ci fait preuve d’une capacité d’apprentissage qui confond le colosse.
Ce sont les Nouveaux Pionniers, dirigés par le père Mélias, qui exploitent les mines de cristal, ayant réduit en esclavage les autochtones, le peuple Rasseth. Face à une sculpture, on raconte la légende de l’immortel Tassili le Rouge, un nom qui interpelle Mony car elle l’a vu dans le journal tenu par son père
Alors qu’ils découvrent le bloc de cristal, nouvellement extrait, qui leur est destiné, des Rasseths attaquent les gardiens. Ils sont abattus immédiatement. Le père Mélias explique que, malgré l’enseignement dispensé par les religieux, certains Rasseths ne supportent pas que l’on touche à ces cristaux. Mais, quand le UCC Dolores est prêt à repartir, les deux héros doivent se garder des dangers qui sont aussi présents à l’extérieur qu’à l’intérieur, car…
Les deux héros, au profil qui s’étoffe de pages en pages, ont une évolution intéressante.Les auteurs, sous couvert de fiction, pointent des dysfonctionnements de notre civilisation et avec les Nouveaux Pionniers, ces religieux rigides, dénoncent l’esclavagisme qui a perduré si longtemps mais qui, hélas, existe encore sous d’autres formes mais aux mêmes effets. Didier Tarquin a bien appris de son longue collaboration avec un maître dans le récit d’aventures. On retrouve une forme similaire d’humour, le décalage qui fait pouffer.
Didier Tarquin dont on connaît la capacité à mettre en images des mondes novateurs, assure un dessin aux traits toniques, des “effets spéciaux” à foison, des personnages expressifs, à la gestuelle bien rendue dans des décors grandioses. Lyse Tarquin, outre une co-scénarisation, propose une mise en couleurs aux teintes éclatantes et variées.
UCC Dolores est une si belle découverte qu’on en redemandera après le tome 3 qui va clore ce premier cycle.
serge perraud
Lyse Tarquin (scénario et couleur) & Didier Tarquin (scénario et dessin), UCC Dolores – t.02 : Les Orphelins de Fort-Messaoud, Glénat, coll. “24x32”, novembre 2019, 48 p. – 13,90 €.