Une autre pandémie se prépare
Anticipation, Angoisse, ce roman s’inscrit dans un courant horrifique. Il décrit le tout début d’une épidémie due à des virus mutants, les premiers symptômes, les affres du Patient Zéro, avant que l’histoire ne dérape dans un climat de mise en grand danger d’un plus grand nombre, et une conclusion qui laisse la porte ouverte à toutes les possibilités.
Pisauride est une araignée (il s’agit d’une une famille d’araignées très communes en Europe) qui a eu la mauvaise idée de s’installer dans une centrale nucléaire, non loin du réacteur. Bombardée de rayonnements, elle est malade. Mais, avant de mourir, il faut qu’elle ponde, qu’elle mette ses centaines d’œufs à l’abri.
Jérôme Tachant et Simone, son épouse, pique-niquent dans la campagne. Après le repas, une tentative de rapprochement avortée, il ressent une piqûre sans voir l’insecte fautif. En se promenant ils aperçoivent, depuis le sommet d’une colline, une centrale nucléaire. En rentrant, Jérôme se sent fatigué. Il se couche et s’endort sans même éteindre. Il fait un cauchemar, se voyant transformé en un monstre que la population veut éliminer. C’est la douleur qui le réveille, l’endroit de la piqûre est irrité. Au travail, il se sent si mal qu’à la fin de la journée, son collègue l’envoie chez un médecin.
Celui-ci diagnostique un furoncle. Mais, étonné par ce qu’il a trouvé en incisant, il envoie des échantillons à analyser…
Ce roman est paru en 1975, dans la collection Super-luxe du Fleuve Noir. Jean-Pierre Andrevon signait également, à cette époque, Alphonse Brutsche. . Avec un style alerte, donnant des descriptions précises, l’auteur retrace le parcours d’individus contaminés, leur incrédulité face à ce qui semble une simple piqûre d’insecte. Puis, c’est la montée en tension quand le personnage prend conscience de l’évolution de son mal, des mutations qu’il ressent dans son organisme, dans son corps.
Dans cette littérature populaire, dénommée de façon péjorative, littérature de gare, par des aigris qui n’ont jamais pu atteindre, avec leurs livres, les tirages de ces collections, il est vrai que le niveau était inégal. Cependant, certains comme le regretté G.-J. Arnaud, Serge Brussolo, et donc, Jean-Pierre Andrevon savaient maintenir un niveau de qualité. Et ce roman mérite une relecture quelque quarante-cinq ans après, d’autant que l’auteur l’a actualisé, citant Tchernobyl et Fukushima.
Certes, dans cette période où on égrène quotidiennement le décompte des victimes d’un virus mutant, se plonger dans une histoire qui frôle la réalité, n’est peut-être pas un délassement.
Mais ce roman, qui met en scène des personnages ordinaires dans une petite ville, présente beaucoup d’atouts.
serge perraud
Jean-Pierre Andrevon, Les enfants de Pisauride, H&O Poche, mars 2020, 230 p. – 8,90 €.