Didier Hamey, Gravures

Le digne suc­ces­seur de Vir­gile et de Mar­cel Gotlib

Avec insis­tance et déli­ca­tesse, Didier Hamey accorde à la gra­vure toute sa sou­ve­rai­neté et sa poé­sie. En haut d’un étrange cognas­sier, d’un pain de sucre ou ce qu’on peut prendre comme tel  tout un peuple emmé­nage et s’envole avec autour de lui des oiseaux  tout aussi étranges que lui. Les réfé­ren­tiels de l’artiste ne se font pas for­cé­ment dans le réel. 
L’imaginaire de l’artiste monte tou­jours un peu plus haut que les cimes de la rai­son  pour y voir un peu plus loin, dans toutes les direc­tions et mettre les sérieux en abyme.

L’ensemble comme les détails font par­tie du charme d’une telle ima­ge­rie. Il est vrai que le geste donc la tech­nique de Hamey sont par­faits.  Cela per­met à l’imaginaire de battre la cam­pagne là où la figu­ra­tion se moque des genres (por­traits, ani­ma­le­ries, pay­sages) et c’est pour­quoi  les natures ne sont jamais mortes.
Dans chaque gra­vure s’imagine des ailleurs là où la drô­le­rie est constante pour fabri­quer un monde qui ne sent ni l’encaustique ni la bou­gie mais des par­fums pâtis­siers ou bucoliques.

Certains bes­tiaux semblent por­ter de grands imper­méables noirs. Ils regardent les filles et aiment les séduire sans pour autant grim­per sur une moby­lette « Paloma » verte et fon­cer comme une bête humaine Et si cer­taines bes­tioles s’écrasent le men­ton, ce n’est pas faute à un acci­dent mais par déci­sion de l’artiste.
D’autres sil­houettes portent des sortes de chaus­sures comme en ont les gang­sters chics ou les chefs de bande. Bref, il y a tout un monde de voyous mais celui d’Alice au Pays des Mer­veilles n’est pas oublié. Cha­cun  veut vivre au grand air sur des plages bre­tonnes. Mais pas seule­ment. De tels per­son­nages semblent ne jamais être là où on les voit mais c’est ce qui fait la force poé­tique  d’une oeuvre faus­se­ment naïve.
Car il existe tou­jours un “Ah mais !” aux pers­pec­tives cava­lières ou hippiques.

L’artiste digne suc­ces­seur de Vir­gile et de Mar­cel Got­lib nous y convie.

lire notre entre­tien avec l’artiste

jean-paul gavard-perret

Didier Hamey, Gra­vures, Gale­rie Picot-Le Roy, Nuage Bleu, Mor­gat en Presqu’île de Cro­zon, Prin­temps 2020.

2 Comments

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Chapeau bas

2 Responses to Didier Hamey, Gravures

  1. picot le roy

    Quel mer­veilleux texte sur Didier Hamey.
    Merci à vous

  2. Didier Hamey

    Très très tou­ché, merci beaucoup.

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