John Pfahl s’est intéressé très vite aux technologies numériques afin de créer une photographie conceptuelle inspirée par les paysages anglais et à l’aquarelle en vogue à la fin du dix-neuvième siècle. Pour preuve sa série “Permutations on the Picturesque” scannée et imprimée sur papier aquarelle couché grâce à la première imprimante numérique pour beaux-arts.
Le photographe y introduit parfois, sur la largeur ou la hauteur des tirages, des quadrillages ou bandes. Ils rendent le spectateur complice du subterfuge paysager formaté par l’artiste.
Dans sa totalité, l’oeuvre questionne le médium photographique et l’utilisation de la couleur. Sa série “Altered Landscapes” place au centre de son travail les problèmes posés par la perception visuelle, qu’elle soit humaine ou réalisée par l’entremise d’un appareil photographique, de même que les représentations du monde opérées par les artistes pendant plus de deux mille ans.
Pfahl s’est intéressé aussi aux concepts d’exotisme et de pittoresque, de beauté et de sublime — à savoir les questions esthétiques abordées dès le XVIIIème anglais et la question du paysage remis au coeur du cinéma par Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway. Comme chez son confrère cinéaste et artiste, existe chez Pfahl tout un travail d’analyse, distance et humour sur l’image et ses “parodies”.
Le photographe reste à ce titre un artiste majeur. Il vient de disparaître victime du Corona Virus.
jean-paul gavard-perret
Encore une victime de ce coronavirus maudit