La collection : un devenir à soi
Le titre de ce livre est emprunté au film de Nicolas Philibert. C’est un catalogue mais plus sûrement un projet inédit : montrer des “collections” qui appartiennent aux acteurs (professeurs, artistes, critiques, etc.) de l’Ecole de Beaux Arts de Nîmes (ESBAN).
De tels projets et livres sont rares. Neuf collections sont présentées dans cet ouvrage. Les deux premières sont le fait de Audrey Jamme (et ses affiches “Do It Yourslef” tirés de la microédition) et de Jean-Marc Scanreigh avec sa collection de Paris-Match paru entre 1949 et 1981.
Ces deux collections ne sont en rien passives. La présence de leur propriétaire est essentielle. Scanreigh par exemple montre par ses choix comment Picasso a contribué via le média le plus populaire de l’époque à construire son statut et son mythe. Les autres collections sont sans doute plus classiques car elle relèvent plus de la recension traditionnelle mais le livre finit avec Christine Besson par une collection de collections.
Reste néanmoins une belle autonomie dans cet ensemble qui, à la lecture et la vision, donne moins une impression de disparate que d’homogénéité.
Sans doute parce que tous les projets furent le fait d’un objectif précis. Arnaud Vasseux par exemple présente ses familles d’objets (naturels, artefacts, production d’autres créateurs) qui ont été les vecteurs de l’oeuvre du sculpteur lui-même.
Un tel livre, facile d’accès et impeccable dans son économie, offre une autre manière de voir l’art et de le comprendre dans la manière où il est ici impacté par créateurs et critiques “cliniciens” de l’art.
Pour chacun d’eux, posséder une collection n’est pas une thésaurisation mais un devenir à soi.
jean-paul gavard-perret
Collectif, Etre et Avoir, èsban, 2014–2018, Fage Editions, 2020, 240 p. — 25,00 €.