Barcelone sur et sous la peau
Au moment où la péninsule ibérique et en conséquence Barcelone connaissent la mutilation de leur ivresse sous l’effet du Corona Virus, Laurine Rousselet nous ramène à la cité et en offre une traversée multiple et sensuelle faite d’images, de sons, de couleurs et de volonté même à l’époque où elle était traversée par ses volontés d’indépendance catalane.
Le monde aime à visiter une telle insoumise.La poétesse en rameute les saisons,les rues, les fleurs du plus célèbre des ramblas qui finissent près de la mer. La vie effervescente est là où les sensations se confondent. Sous “l’oeil dit rouge bleu de safre / l’espace libre demeure la marche du temps/lèvres battements signes dynamisme / risques ivresse nudité” : tout est là, d’un quartier à l’autre mais sans que Laurine Rousselet joue d’un banal exotisme.
Il y a bien sûr La Barceloneta, le quartier du Born, la Basílica Santa Maria del Mar, le Convent de Sant Agustí et bien d’autres lieux que les mots de la poétesse travaillent dans l’ordre de la joie et du plaisir comme de la liberté. Et les dessins de Segui sont là pour le rappeler.
Entre les ruelles, les cours et la mer tout est vie et regard que “les mots en travail imbibent”. Il s’agit de comprendre les désirs que la ville consent à offrir et stimule.
Reste à espérer que le futur permette de rejouer dans Barcelone (comme ailleurs) les mêmes gammes. Le livre en rappelle les sensualités, les appétits érotiques et l’invitation au voyage même si pour l’heure il est refusé. Que l’attention à un tel livre ouvre ce chemin interdit.
Il faut en garder les songes et la chaleur. Les débordements et les caresses.
jean-paul gavard-perret
Laurine Rousselet, Barcelona, Illustrations Antonio Seguí, Éditions La Part Commune, Rennes, 2020.