Celle qui rêvait de vivre à Paris : entretien avec la galeriste Elisabeth Picot-Leroy (… et je suis devenue galeriste : Histoire de la galerie Nuage Bleu à Morgat )

Elisa­beth Picot-Leroy ouvre avec son livre ce qui aurait pu sem­bler la paren­thèse de sa vie et qui est devenu une his­toire d’amour : celle de sa gale­rie. Ce qui res­tait avant son ouver­ture est de l’ordre sinon de l’inconscient du moins de l’indicible devenu réa­lité. Et ce, dès que — l’été — la gale­riste va tou­cher l’océan et fou­ler le sable.
Elle défend, non loin de là, des artistes figu­ra­tifs impor­tants. Dans son livre comme dans ses expo­si­tions, ce sont les sen­ti­ments et le désir qui reprennent leur droit. Contre le silence émerge son his­toire là où se logent l’attente, la patience, et la pas­sion. Plus ques­tion de fer­mer une telle paren­thèse. Elle bouge tout le temps au bruit des vagues et des émo­tions. Ce qui ne l’empêche pas de rêver d’une baignoire…

Eli­sa­beth Picot-Leroy, … et je suis deve­nue gale­riste : His­toire de la gale­rie Nuage Bleu à Mor­gat, éd. Leli­vre­dart, Paris et Mon­treux, juillet 2019 — 146 p. 

Entre­tien : 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Je me lève quand j’ai clai­re­ment en tête toutes les actions que je vais mener dans la journée.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je rêvais de vivre à Paris pour faire mille choses. Je l’ai réalisé.

A quoi avez-vous renoncé ?
A ma grande bai­gnoire, que j’ai rem­pla­cée par une douche à l’italienne. Je le regrette tous les jours.

D’où venez-vous ?
D’une ferme dans la Nièvre, au cœur de la France.

Qu’avez-vous reçu en “dot” ?
L’amour de la nature, la capa­cité de regar­der. La faculté d’étonnement. Le goût d’entreprendre.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Boire un bol de thé vert nature au lever, une tasse de thé noir par­fumé à 17h.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains ?
Les écri­vains inventent des his­toires, créent des per­son­nages. Moi je ne fais que racon­ter une situa­tion vraie.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Un tableau du XVIIIème siècle qui repré­sen­tait un esca­lier en pierre, sur lequel un groupe de per­sonnes s’agglutinait. Il n’y avait pas d’issue pour ces gens, car l’ esca­lier abou­tis­sait à un mur.

Et votre pre­mière lec­ture ?
“La petite sirène”.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Les airs d’Opéra, Barbara

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Le rivage des Syrtes” de Julien Gracq

Quel film vous fait pleu­rer ?
« So long, my son » de Wang Xiaoshuai

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une femme qui blan­chit et garde son énergie.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Personne.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
New-York.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Jean-Paul Gau­thier, Roberto Ala­gna, Marie-Hélène Lafon.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Une baignoire.

Que défendez-vous ?
Le res­pect et la consi­dé­ra­tion de l’autre. Je ne sup­porte pas le mépris.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Ça com­mence sou­vent comme ça. Ensuite il faut construire.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
C’est la sagesse même.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Où aimez-vous le plus vivre aujourd’hui ? — Dans la presqu’île de Cro­zon, à Mor­gat, dans ma gale­rie sur le quai face à la mer.

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par  jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 mai 2020.

1 Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Entretiens, Essais / Documents / Biographies

One Response to Celle qui rêvait de vivre à Paris : entretien avec la galeriste Elisabeth Picot-Leroy (… et je suis devenue galeriste : Histoire de la galerie Nuage Bleu à Morgat )

  1. Didier Hamey

    Bel entre­tien d’une belle per­sonne tel­le­ment impor­tante pour les artistes.
    Une très chère amie.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>