La preuve est-elle l’ennemie de la foi ?
Peter James raconte qu’en 1989, il a reçu un appel d’un homme âgé qui : “…prétendait détenir la preuve ultime de l’existence de Dieu, et affirmait qu’on lui avait dit qu’un écrivain du nom de Peter James l’aiderait à être pris au sérieux.” Depuis, le romancier a essayé de déterminer ce que pourrait être cette preuve et les conséquences d’une telle révélation.
Pour ce faire, il a rencontré nombre de scientifiques, d’universitaires, de théologiens, d’hommes de diverses Églises pour se faire une opinion. À chacun il a, entre autres, posé les questions quant à cette preuve et quelles en seraient les conséquences. C’est le fruit de ce travail qu’il livre dans ce thriller avec une intrigue forte pour rendre encore plus intéressant le fruit de ses recherches.
Ross Hunter a vécu une expérience traumatisante. Dans la salle de sport où il se remet d’une soirée difficile, il entend son jumeau mourant. Quatre ans plus tard, il est en Afghanistan pour le Sunday Times. Il est pris dans une très violente embuscade. En rentrant chez lui, il découvre son épouse chevauchant un homme.
Le 16 février 2014, Ross hésite à répondre à un appel téléphonique car il a peu de temps pour remettre un article. Son correspondant, Harry Cook, lui déclare qu’il a reçu la preuve de l’existence de Dieu, que celui-ci lui a dit que Ross Hunter pourrait l’aider à être pris au sérieux et demande à le rencontrer. Il ajoute qu’il a un message personnel à lui transmettre de la part de son jumeau.
Journaliste d’investigation free-lance, ébranlé par les révélations quant à son frère, Ross accepte. Lors de leur rencontre, Cook lui apporte une preuve irréfutable de son contact avec le jumeau de Ross. Il lui demande de lire le texte dicté par Dieu lui-même, une épaisse liasse et dit posséder les coordonnées géographiques des lieux où se trouvent le Saint Graal, un objet ayant appartenu à Jésus, un endroit ayant à voir avec la Seconde Venue.
Ross se laisse tenter. Il veut vérifier que les coordonnées relatives au Saint-Graal sont exactes. Il se rend à l’endroit où est enterré Joseph d’Arimathie, celui qui selon Cook, a rapporté la prestigieuse relique en Angleterre.
Après bien des aventures éprouvantes, dont la découverte du cadavre torturé de Cook, Ross prend possession d’une coupe en bois qui semble très ancienne…
Ross Hunter est-il un double du romancier ? Il reste à souhaiter que les enquêtes de ce dernier aient été moins mouvementées. En effet, il malmène son héros, le précipitant dans un maelstrom de violences, lui faisant vivre des aventures échevelées, échapper de justesse à nombre d’attentats.
Il ne l’exempte pas de cas de conscience, le fait s’interroger sur le bien-fondé de sa quête, sur son couple, sur la mise en danger de ses proches…
L’intrigue est passionnante, portée par une galerie de protagonistes représentatifs, entre religieux sincères, religieux opportunistes, athées, affairistes, tueurs…
Passant rapidement de l’un à l’autre, le romancier brosse une série de portraits édifiants, particulièrement gratinés pour le responsable d’une société pharmaceutique tentaculaire, pour un évangéliste milliardaire, une véritable ordure, des émissaires du Vatican, des individus ordinaires à la recherche de spiritualité…
Ce qui pourrait arriver si une telle preuve était révélée est exposé avec clarté, explicitant le risque de porte-à-faux des différentes églises, de leurs références fallacieuses, de leur socle fantaisiste. C’est captivant.
Conjuguant avec brio aventures effrénées et références religieuses, Peter James réussit un magnifique thriller, introduisant une belle matière à réflexions.
serge perraud
Peter James, La Preuve ultime (Absolute Proof), traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Raphaëlle Dedourge, fleuve noir, coll. “Roman policier & thriller”, février 2020, 550 p. – 21,90 €.
format ePub3 chez 12–21 — 15,99 €.