Pulsion artistique
Chez Gérard Titus-Carmel, la pulsion artistique ne va pas dans le sens d’une expansion mais d’une contraction.
D’une certaine manière, son art et sa poésie sont une apothéose d’une certaine solitude où les mots flottent charriés par des flots plus anciens avant de “se retrouver comme embacles” là où ils se dépouillent sous forme de lambeaux d’un discours raréfié et d’images témoins d’une prolixité engloutie.
L’Imaginaire abandonne les domaines traditionnels afin de permettre de pénétrer dans d’autres domaines au moment où le langage plastique ou littéraire devient comme un voile qu’il faut déchirer afin d’atteindre les choses (ou le néant) qui se trouvent derrière.
La surface du mot et de l’image se dissout à l’instar du son déchiré par de longues pauses dans la 7ème Symphonie de Beethoven, de telle sorte que pendant des pages on ne perçoit rien d’autre qu’une passerelle de mots suspendus et d’images encore agitées et reliant entre eux et elles des abîmes.
Titus-Carmel génère une création qui n’est plus la réalisation des possibles : elle donne à voir quelque chose d’inédit, permet de pénétrer en des lieux d’écart et d’écartement que révèle un tel livre.
Il devient l’aboutissement (provisoire) de la problématique de l’oeuvre et permet d’en comprendre son mouvement général.
jean-paul gavard-perret
Gérard Titus-Carmel, Horizon d’attente, Tarabuste, 2020 — 99,00 €.