Opale est un monde de forêts sur lequel, il y a fort longtemps, les Titans ont introduit la magie avec des pierres de lumière. Ils ont disparu et un clergé, avide de pouvoir, usa de cette magie à son seul profit jusqu’à ouvrir les portes des enfers et laisser les démons envahir Opale. C’est Darko, avec l’aide du dernier Titan, qui mit fin à cette invasion et au règne des prêtres. La quasi-totalité des pierres s’est évanouie, absorbée par le Titan.
À Lumeth, au bord de la mer Shalkide, les derniers héritiers des Prêtres de la lumière sont installés luxueusement. Sous l’appellation des Rédempteurs Radieux, ils consomment parcimonieusement les derniers fragments des pierres de magie qui n’ont pas été emportées, il y trois siècles, avec le dernier Titan.
Le Radieux Dhunkral est informé que le bracelet de Cohars a été activé. En compagnie de Rodombre, le maître archéologue et d’Altaï son assistante, Luksand, l’héritier du héros mythique Darko, vient de le faire pour rappeler Ghörg, le démon, sur Opale. Dhunkral pense alors que ce bracelet aux pouvoirs prodigieux est à portée de main. Il lance un sort de dispersion à l’encontre du groupe, mais grâce à l’intervention de Ghörg, ils se retrouvent ensemble mais avec des corps différents de ceux auxquels ils étaient habitués dès leur naissance.
Rodombre comprend qu’ils ont été attaqués par un de ceux qui rêvent de faire renaître le clergé de lumière. Il faut rentrer chez lui où il possède de quoi remettre les choses dans l’ordre. Mais ils sont très loin et leur retour s’annonce difficile et périlleux…
Avec Christophe Arleston au scénario, le lecteur est certain de trouver une histoire où se côtoient une forte dose d’actions et une aussi forte dose d’humour. Et le présent cycle initié avec l’album précédent ne déroge pas à la règle. Certes, on retrouve dans les séries qui naissent de l’imagination fertile du scénariste des constantes. Dans un univers de magie se débat un héros qui semble toujours dépassé par les événements mais qui finit par les maîtriser, une héroïne solide au caractère trempé, des complices ou des ennemis hauts en couleur et un bestiaire fabuleux.
Mais sa magie du verbe, son art d’enchaîner les actions avec cohérence font merveille. Avec des dialogues facétieux, des récitatifs shooté à l’humour, l’ensemble est attractif. Si la plupart du temps son humour est bon enfant, il fait montre d’un humour macabre, dans le présent album, avec des dialogues de religieux.
Si les noms de personnages, de lieux peuvent sembler obscurs, beaucoup livrent leurs secrets en ne s’attachant qu’à la phonétique, comme : À Lumeth.
C’est Cédric Fernandez qui a repris le dessin après les neuf premiers tomes réalisés par Philippe Pellet. Est-ce pour mettre à l’aise le dessinateur qu’Arleston modifie le physique de son trio de héros ? Quoi qu’il en soit, le graphisme est toujours aussi réaliste, riche en détails, précis et explicite. Si le scénariste invente des bestioles peu communes, ses idées sont bien relayées par le dessin et la mise en couleurs de Vincent & Duclos.
Un album où sont réunis action et humour et qui se lit toujours avec plaisir.
serge perraud
Christophe Arleston (scénario), Stefano Martino (dessin), Vincent & Duclos (couleurs), Les Forêts d’Opale – t.11 : La Fable oubliée, Soleil, coll. “Fantastique”, janvier 2020, 48 p. – 14,50 €.