Peter Sutherland s’attache, depuis quatorze ans, à respecter les règles du FBI, à être un modèle d’agent. Son père, haut gradé dans la structure, a été accusé de trahison. Agent de surveillance, Peter a été muté, sur l’intervention de Diane Farr, la secrétaire générale de la Maison-Blanche, à la salle de crise. Chaque nuit, il s’installe dans une pièce exiguë, meublée d’un bureau et d’un téléphone. Il est chargé de recevoir des appels d’urgence à retransmettre uniquement à Diane Farr ou à James Hawkins, son patron du FBI.
Mais l’appareil est silencieux depuis deux cent quatre-vingt-quatre nuits. Mais, à une heure cinq, cette nuit-là, l’appareil se réveille. Une femme angoissée donne le code et la phrase clé. Elle ajoute : “Je m’appelle Rose Larkin… Il est dans la maison… Il va me tuer.”
Quelques heures avant, Dimitri Sokolov reçoit un appel. On lui donne les coordonnées d’un couple, lui spécifiant que celui-ci sera accompagné de leur nièce, Rose Larkin. Dimitri demande s’ils ont le registre rouge.
Rose est dans une mauvaise passe professionnelle. Elle a gardé la maison de son oncle et sa tante pendant leur absence et va les chercher.
Dimitri a attendu la nuit pour lancer l’attaque en ayant fait couper électricité et téléphone. C’est son oncle qui donne le code à Rose. Elle se réfugie dans la villa voisine vide de ses occupants. C’est de là qu’elle appelle… Peter, ne pouvant joindre l’un de ses deux correspondants, active le Secret Service de la Maison-Blanche Mais il veut en savoir plus et va sur les lieux du drame…
S’appuyant sur des situations existantes, des accusations formulées contre des membres du staff dirigeant de la Maison-Blanche, des soupçons de collusions avec la Russie, le romancier conçoit une intrigue vigoureuse. Il s’inscrit dans la tradition du roman d’action, du roman d’espionnage où les péripéties musclées se succèdent à un rythme soutenu.
Il reprend l’idée d’un candidat à la présidence qui n’appartient pas au sérail politique et qui mène une campagne victorieuse. Une telle situation, qui semble improbable, suscite bien des interrogations. Et quand, en plus, des proches de celui-ci ont eu des proximités avérées avec l’ennemi de toujours, le doute est plus que permis.
Matthew Quirk installe, comme personnages principaux, un couple que les circonstances réunissent et que le partage de tant de périls amène à se découvrir, à se rapprocher. Ainsi, il met en scène une jeune femme qui voit assassiner des parents dont elle était très proche et qui échappe de peu à la mort. Elle voudra venger sa tante et son oncle, comprendre ce qu’ils faisaient et les raisons de leur mort. Un garçon proche de la trentaine qui hérite du passé de son père ce qui lui vaut d’être considéré avec suspicion.
Le fils d’un traître ne peut être qu’un traître en puissance. (La transmission des gènes de la traîtrise doit interroger des généticiens.) Il a été muté, après des années de service sur le terrain à ce poste tout proche de la présidence. Il ne comprend d’ailleurs pas pourquoi. Témoin indirect des meurtres, il veut connaître celle qui a appelé au secours et ainsi met la main dans un engrenage qui, après des années de frustration, lui donne le sentiment de se libérer.
En face, l’auteur place un groupe de barbares qui n’ont de cesse de vouloir atteindre le but qui leur a été assigné. Et Peter va terminer sa course en aussi piteux état, aussi pantelant qu’un Bruce Willis à la fin d’un épisode de Die Hard. Mais, sans le marcel !
Un roman tonique qui se lit avec grand plaisir pour l’énergie qui sourd de l’intrigue et les associations que l’on peut faire avec une actualité assez récente
serge perraud
Matthew Quirk, Une affaire personnelle (The Night Agent), traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Martinache, Les Presses de la cité, mars 2020, 448 p. – 21,00 €.