La caverne du Néandertal et de Platon
Richard Meier propose le dernier livre — le 37 ème — d’une série de ses carnets. Il le définit ainsi : “Travail de ce qui vient de la bouche, va se prononcer, bégaiement compris — se former par lettres, à lettre, en mots et images de mots”. Une successions de blocs de mots sont là pour segmenter l’espace mais aussi l’ouvrir.
Car sans eux il ne serait pas visible. Ils sont donc là, traversant l’Achéron spatial pour “recueillir un rocher, un galet” par une forte typographie en carrés.
“L’écrit trouvera la serrure des matières opaques. La balance entre la folie des lignes et des taches introduit un s i l e n c e ” ajoute le poète et plasticien. Il fait succéder lignes et taches contre le blanc du support et son silence. Les éléments écrits font blocs la où les mains noircies imprègnent sur les pages de neiges des formes primitives.
Le poète revient à la caverne du Néandertal et de Platon. S’y murmurent les désirs de mots et des silhouettes aux anatomies incertaines.
S’y renverse tout autant la géométrie du livre, Meier en force l’espace. L’obscur noir devient caresse par ses tendons qui mesurent la chair, la fripe, la tire, la tord tandis que des vagues entourent la pierre jetée sur la page.
Elle en rugit à sa manière.
jean-paul gavard-perret
Richard Meier, Main//lâchéE — Nul // jugemenT, Richard-Meier, Editions Voix, 2020.
Cher Jean-Paul,
le livre part cette a-midi avec un autre. Tu es extraordinaire — toujours dans le franchissement à passer le fossé — je pense à l’excellent et complexe Maldiney. Merci et bravo — en espérant que l’objet qui va t’arriver reste à la hauteur de ce qui est annoncé. Vu que je réalise beaucoup (trop) de livres — ils sont tirés pour le seul plaisir de quelques happy few.…