Laisser advenir une parole libre
Magdaléniennement est un adverbe inventé par l’auteur, à partir du mot Magdalénien qui désigne la période préhistorique du Paléolithique supérieur. C’est l’époque dont le chef-d’oeuvre est la grotte de Lascaux avec ses peintures pariétales.
A partir de là, le poète Dominique Fourcade crée une sorte poème méditatif qui tient de la chronique intime. Y est posée la distinction entre le moderne, qui est une esthétique et une poétique, et le contemporain — notion purement chronologique. A ce titre, Lascaux ou les statuettes de la civilisation des Cyclades vieilles de plus de 5000 ans sont modernes tout comme Cézanne.
L’objectif de cette importante réflexion devient une forme de rêverie. Mais elle n’a rien d’un songe. Il s’agit de prouver l’émergence du moderne en diverses périodes et arts (peinture, musique, danse).
Les événements qui ponctuent la vie de l’auteur et de notre monde émergent à travers divers “acteurs” très différents de Proust à Aretha Franklin ou Bashung.
L’auteur de Rose-déclic (P.O.L, 1984) remet en jeu divers liens langagiers, culturels, idéologiques. Il les dénoue car ils entravent le sens et il en appelle à une matrice. L’auteur “désaffuble” toute une vision en une ouverture de l’Histoire là où l’écriture ne s’enferme pas sur elle-même. Et où elle n’hésite pas à affronter l’horreur de notre époque, ses présupposés, des diktats.
Fourcade cherche à absorber l’hétérogénéité pour laisser advenir une parole libre capable de démultiplier les angles de vues et de pensée.
jean-paul gavard-perret
Dominique Fourcade, Magdaléniennement, P.O.L éditeur, Paris, 2020, 192 p. — 21,00 €.