Au moment où le monde se fige, les poèmes de Michel Dunand font un bien fou. L’auteur y poursuit sa quête et ses déplacements — trop discret pour affirmer que le “on” qui lui fait du bien est lui-même.
Car le poète annécien sait exister non dans une satisfaction de lui-même mais dans l’égotisme que sut cultiver Stendhal.
Comme le Dauphinois, l’Italie est souvent son domaine. Preuve que Capri n’est pas fini. Vérone, Milan, Turin non plus. Mais il y a tout autant le Léman, et toujours plus à l’Est comme dirait ce Professeur Tournesol qui a changé de cap, la Croatie, la Bulgarie, Istanbul et les déserts où des petits soldats jouent à la guerre sous prétexte de foi.
Pour autant, une telle poésie n’a rien de descriptive ou touristique. Les paysages restent intérieurs même sous le prétexte de leur “froide” description.
Preuve que les mots créent des paysages et non les paysages les mots.
C’est un ravissement.
jean-paul gavard-perret
Michel Dunand, Mes Orients, Jacques André Editeur, coll. Poésie XXI, Lyon, 2020, 86 p. — 13,00.
es mots ne sortent que la nuit
Tout doucement,
laisser mourir
ton rouge éclat.
Le plus pénible
est de souffler ton souvenir
à chaque fois
qu’il resurgit