Denis Lapière & Dany, Un homme qui passe

Un huis clos entre amour et haine

Un récit sur les rap­ports entre les hommes et les femmes, sur les ren­contres, sur les liens qui se tissent pour une durée plus ou moins longue. Une réflexion sur les rela­tions amou­reuses, sur ce que cha­cun met der­rière ce mot, sur ce que cha­cun des membres du couple attend, recherche, quête, veut vivre. Une approche de la réa­lité du séduc­teur, sur les signes qui régissent les ren­contres, qui défi­nissent les maîtres du jeu. 
Denis Lapière fait affir­mer à son per­son­nage : “En fait, c’est presque tou­jours la femme qui choi­sit et c’est à l’homme de cap­ter les signaux qu’elle lui envoie…

Une tem­pête sou­daine s’abat sur l’île de Chau­sey. Dans une mai­son typique un homme, qui res­sent une confu­sion de sen­ti­ments, arme un pis­to­let et va sur la plage pour se sui­ci­der. L’arme sous le men­ton, il lève la tête et voit une fusée de détresse. Il inter­rompt son geste pour por­ter secours aux marins en détresse car il estime être un de ceux qui, sur l’île, connaît le mieux les che­naux. C’est une jeune femme, sur un petit voi­lier, qui est en dan­ger. Avec la bouée qu’il lui lance, il réus­sit à la rame­ner.
Après une douche chaude, elle le rejoint et il la recon­naît. Elle est l’assistante de son édi­teur. Kris­ten est là car il a trois mois de retard pour son nou­veau livre. Elle a remar­qué, en tra­ver­sant son bureau, une sélec­tion de pho­tos pré­sen­tant des por­traits de femmes et des cli­chés plus intimes. Devant les inter­ro­ga­tions de Kris­ten, il com­mence à racon­ter l’histoire de ces pho­tos, donc la ren­contre et l’histoire plus ou moins longue qu’il a vécue avec cha­cun des modèles. Elle le traite de dra­gueur, terme qu’il réfute par­lant plu­tôt d’attention aux signes émis par les dames. Il est connu pour ses repor­tages, il voyage beau­coup, donc les occa­sions sont nom­breuses. Mais, Kris­ten ne porte-t-elle ps la voix des femmes ?

Le scé­na­riste fait racon­ter quelques ren­contres dans les lieux plus ou moins exo­tiques, éta­blis­sant un rap­port de forces entre Paul et Kris­ten. Il déve­loppe quelques anec­dotes rela­tives aux endroits décrits comme le repor­tage sur les orpailleurs en Guyane qui débouche sur les bagnes des îles du salut, du Diable, De Saint-Joseph…
Cette intrigue, ponc­tuée de belles échap­pées en com­pa­gnie de jeunes et jolies femmes, se tend quand on se demande les rai­sons de la pré­sence de Kris­ten. Que veut-elle ? Et quelles sont les causes des malaises de Paul, de ces dou­leurs à la tête, dou­leurs qu’il minimise ?

Dany a dans la main le des­sin de jeunes et jolies femmes, tou­jours ave­nantes, qu’il se plait à vêtir légè­re­ment quand il ne les dévêt pas. Ce scé­na­rio lui convient par­fai­te­ment. Il peut, au long des 64 planches, don­ner libre cours à ce qu’il fait de bien. Mais, il serait trop réduc­teur de lui lais­ser ce seul talent. Il faut admi­rer ses vues de tem­pêtes, ses des­sins des bouillon­ne­ments, l’éclatement des vagues déchaî­nées sur les rochers, les décors inté­rieurs de cette mai­son îlienne conçue pour résis­ter aux fortes intem­pé­ries. De très beaux des­sins aux cou­leurs directes qui, du por­trait aux décors, enchantent la vue.
Un bel album qui se regarde avec plai­sir et dont l’intrigue se laisse décou­vrir jusqu’à une conclu­sion peu habituelle.

serge per­raud

Denis Lapière (scé­na­rio) & Dany (des­sin et cou­leur), Un homme qui passe, Dupuis, coll. “Aire Libre”, mars 2020, 72 p. – 16,00 €.

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