Quand la terreur vient du futur
L’archéologie réserve toujours un lot de surprises. Mais, en général, celles-ci viennent plutôt du passé. Dans le présent récit, Stephen Desberg imagine qu’elles viennent du futur. Alors, pour ce faire quoi de mieux qu’une possibilité de voyage dans le temps ? Il combine donc science-fiction, thriller, aventure et fantastique.
Entre un possible futur et une époque victorienne pragmatique, le héros et l’héroïne vont voyager, multiplier les sauts dans le temps, surtout dans le second tome, le premier implantant des bases solides à cette histoire.
En 2544, sur la Terre dévastée, Wynn et Bodgan progressent protégés par des combinaisons étanches. Ils traquent l’une des dernières créatures abominables. C’est un parasite qui pénètre dans le cerveau et prend le contrôle de l’être vivant, humain ou animal. Bodgan le repère, tire, le blesse et le poursuit. Mais il est contaminé et s’en va. Wynn le suit, hésitant à tuer son équipier, jusqu’à une grande salle restée en bon état avec une sorte de trône au centre. Bodgan s’y installe, fait quelques manipulations sur un clavier et s’estompe. Wynn qui lui a pris la main pour le retenir voit son avant-bras arraché et disparaître.
En 1874, au cœur de la Perse, Oliver Page qui se définit comme aventurier, journaliste, coordinateur, entremetteur… est sur un chantier de fouilles en compagnie d’une archéologue confirmée, la belle Beatriz. Les recherches du mausolée d’Alexandre le Grand sont financées par Sir Prown. Ils ont trouvé l’entrée d’une tombe que ce dernier viendra, le lendemain, ouvrir en grande pompe. Oliver ne résiste pas et, de nuit, entre dans le tombeau. Il arrive face à un sarcophage. Devant, sur une lance en or, pend une main momifiée ornée de trois anneaux. Il en prend un pour l’offrir à Beatriz dont il est amoureux.
C’est le début d’une fantastique course-contre la montre, entre deux époques pour éradiquer la monstrueuse entité qui menace l’humanité…
L’intrigue est tonique, les rebondissements rythmés et les personnages se débattentpour faire front. Le scénariste imagine quelques belles situations avec ces transferts et propose une manière astucieuse pour, à défaut de faire fortune, gagner beaucoup d’argent.
Pour mettre en images une telle histoire, il fallait un complice qui sache entrevoir les subtilités du scénario, qui sache deviner les non-dits. Avec un style réaliste, Griffo assure un dessin au trait élégant, vigoureux pour rendre la vitalité des nombreuses actions vécues par les personnages. Il offre un beau travail sur les décors, que ceux-ci soient futuristes ou anciens. Les protagonistes facilement identifiables restent stables au long des deux albums.
C’est à Felideus que revient la mise en couleurs. S’il sait montrer la luminosité du désert persan, il restitue avec une belle réussite les atmosphères plus sombres du Londres victorien.
Un diptyque d’aventures réunissant nombre des thèmes du genre pour une histoire séduisante, avec une mise en images réussie.
serge perraud
Stephen Desberg (scénario), Griffo (dessin) & Felideus (couleur), Oliver Page et les tueurs de temps : t.01 et t.02, Glénat, coll. “24x32”, janvier et février 2020, 56 p. par album — 14,50 € chacun.