Charles Fourier, Le réveil d’Épiménide

Jafar et Epiménide

Ce texte, frag­men­taire et inachevé  — dont le titre com­plet du manus­crit est Réveil d’Epiménide et Jafar dans l’ordre com­biné en l’an 2000 - fait réfé­rence aux thèses déve­lop­pées dans Le nou­veau monde amou­reux.
Il  se pré­sente comme un dia­logue entre Hip­parque et Epi­mé­nide tenu sur les rives du Levant.
Fou­rier détruit la morale du monde en affir­mant que la société ne doit avoir qu’une seule force consti­tuante : la pas­sion à la fois sexuelle et “éco­no­mique” . Le second terme devant être entendu dans l’acception de la “dépense” chère à Bataille.

René Sché­rer et Constan­tin Iro­do­tou com­plètent  le texte  de deux approches : “L’inconvenance recon­ver­tie” et “Le vision­naire et son énigme”. Fou­rier, quant à lui, anime dans une grotte une horde des géantes et géants.
Le héros com­prend qu’ “à son grand éton­ne­ment, quelques-uns de ces géants parlent grec, d’autres parlent une langue très sonore qu’il ne connaît pas (la langue uni­taire qui sera déjà en acti­vité en l’an 2000)”…

Ces géants ne sont en rien des rustres. Et les deux aven­tu­riers sont plon­gés dans une sorte de para­dis ter­restre : “Vous voilà ins­tal­lés dans notre pays. Si vous aimez les plai­sirs, les femmes, la bonne chère, les arts et les jouis­sances de toute espèce vous aurez de quoi vous satis­faire au-delà de vos vœux.” disent les géants. Ils craignent néan­moins que leurs invi­tés soient gênés par la liberté de leurs moeurs…
Ils demandent au duo de vivre à leur aise voire de don­ner à leurs hôtes “des scènes diver­tis­santes en sou­te­nant les pré­ju­gés civi­li­sés dont vous êtes néces­sai­re­ment imbus puisque vous avez vécu dans Athènes et Paris”.

Redé­cou­verte au XXe siècle par Bre­ton puis Barthes, l’érotique de Fou­rier est ici à son zénith et prouve — au moment du réveil d’Épiménide — un total ren­ver­se­ment des valeurs là où tous les désirs trouvent leur assou­vis­se­ment.
Preuve que les épi­dé­mies n’ont pas toutes le même effet.

jean-paul gavard-perret

Charles Fou­rier, Le réveil d’Épiménide, Pré­faces de Constan­tin Iro­do­tou et René Sché­rer, Fata Mor­gana, Font­froide le Haut, 2014, 128 p.

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