Marci Vogel, La Mort et autres jours de fête

Récon­for­tant par temps de confinement

Pour­quoi se conten­ter de relire La Peste ou des clas­siques plus anciens quand on peut décou­vrir ce livre tout frais paru, orné d’une cou­ver­ture des plus exquises, et qui a de quoi vous remon­ter le moral ?
Bien que jeune, April a une liste de mal­heurs longue comme le bras, à com­men­cer par le sui­cide de son père, du temps de ses seize ans, et par la mort récente de Wil­son, son beau-père bien-aimé. Pour cou­ron­ner le tout, au cré­ma­to­rium, on lui remet ses cendres dans une pochette cadeau des plus fes­tives ! Et il n’y a pas grand-chose pour détour­ner son atten­tion des idées noires, car April est tan­tôt céli­ba­taire, tan­tôt mal accompagnée.

Cepen­dant, elle fait de son mieux pour tenir le coup, notam­ment en se sou­ve­nant des jours de fête où son frère était chargé de ver­nir les ongles de leur grand-mère “pour l’empêcher de s’activer“ (p. 27). April nous offre aussi des obser­va­tions réjouis­santes comme celle de son amie Libby, sur cer­tains insectes qui “contre­disent la théo­rie de Dar­win“ : “C’est la sur­vie des plus inadap­tés“ (p. 60), et quelques astuces, telles que faire des listes quand tout va mal (p. 61) — pro­cédé d’autant plus effi­cace quand on en use avec auto­dé­ri­sion.
Mais les choses ne vont pas tou­jours de mal en pire, si bien qu’aux fêtes remé­mo­rées vien­dront se joindre le mariage de Libby et une nou­velle his­toire d’amour du côté d’April, qui pro­met de durer…

Vous l’aurez com­pris, Marci Vogel ne manque pas d’humour, sou­vent dis­cret et qui s’harmonise avec la rete­nue qu’elle conserve quand il s’agit de sen­ti­ments pénibles. Son style est tout en finesse, sa façon de dépeindre les per­son­nages pro­cède par petites touches com­por­te­men­ta­listes.  La construc­tion même du roman, com­posé de brefs cha­pitres dont cer­tains sont proches du poème en prose, tient du fili­grane.
Au fil du récit res­sortent des évé­ne­ments à la fois minus­cules et inou­bliables, qui ren­forcent l’impression que la vie a du bon, et de la beauté, envers et contre les épreuves qui peuvent par moments nous accabler.

C’est un roman qu’on lit avec plai­sir d’un bout à l’autre, y com­pris la page de l’achevé d’imprimer, pour incroyable que cela paraisse. De fait, vous y trou­ve­rez un texte rédigé par l’éditeur, Oli­vier Des­mettre, qui vous ren­sei­gnera d’une manière aussi sur­pre­nante qu’irrésistible sur sa mai­son d’éditions, mais aussi et sur­tout sur le (défunt) chat de sa fille.
A lire et à par­ta­ger avec d’autres confi­nés, sans aucune restriction.

agathe de lastyns

Marci Vogel, La Mort et autres jours de fête, tra­duit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Cha­bin, Do, mars 2029, 176 p. – 17, 00 €.

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