Saisir le monde sensible comme supra sensible
J–K Huysmans, dont l’aspect critique d’art reste méconnu, trouve une mise en exergue de cet aspect de son oeuvre par cet ouvrage.
Il “entend montrer que ce “supposé fils de Zola agit davantage, et très tôt, en héritier de Baudelaire, sa véritable autorité, et Gautier, très souvent cité, comme si le romancier de Marthe s’était dès le départ doublé de celui d’À rebours.”
Philosophe à plus d’un titre, il défend une double manière de créer : celle des peintres de la vie moderne et celle des explorateurs du rêve. Défendre les opposés lui fut préjudiciable aux yeux de ses pairs et de la critique d’art en général.
Mais Huysmans n’a d’yeux que pour le puissant, quelle qu’en soit la manière.
Entre les naturalistes, les décadents et un « retour » aux Primitifs sur fond de renaissance catholique, l’auteur sait oser ce qui lui parle ou l’incite à s’interroger entre diverses clartés.
Elles passent chez lui plus par Frans Hals et Rembrandt que par Degas.
Diagnosticien de son présent, pris parfois pour un improbable théoricien, il propose un discours sans oeillères en un cursus qui suit les divers moments de ses périodes de création littéraire.
Ne tombant jamais dans un absolu plastique, il s’oppose tout autant au nihilisme qui sacrifierait une école au profit d’une autre.
Existe pour lui dans l’histoire de la peinture de quoi saisir le monde sensible comme supra sensible.
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jean-paul gavard-perret
Collectif, Joris-Karl Huysmans. De Degas à Grünewald, sous la direction de Stéphabe Guégan et André Guyaux, Coédition Gallimard / Musée d’Orsay, Livres d’Art Gallimard, novembre 2019, 228 p. — 35,00 €.