Le nom de Macbeth amène presque obligatoirement celui de William Shakespeare et sa célèbre tragédie. Cette pièce, écrite vraisemblablement entre 1599 et 1606, emprunte aux travaux de l’historien Raphael Holinshed parus en 1577 et connus sous le titre de Chroniques Holinshed. Elles sont republiées dix ans plus tard dans une version améliorée : Chroniques d’Angleterre, Écosse et Irlande. Un Macbeth a réellement régné sur l’Écosse entre 1040 et 1057.
Thomas Day adapte cette pièce théâtrale en donnant, cependant, un rôle plus important à celle qui est devenue Lady Macbeth. Il reprend, pour les citations, la traduction de François-Victor Hugo de 1866, mais s’appuie sur le texte en langue originale quand il les modifie, les raccourcit, les inverse, les délocalise par rapport à la situation…
En Écosse, quarante ans après l’an mil, dans un cadre dantesque, au milieu des éclairs, des bruits de tonnerre, des trombes d’eau, sur une lande pelée, trois sorcières ont surgi. Elles psalmodient le nom de Mac Bethad, Mac Findlaich le cousin du roi, le nom de Macbeth celui que tous lui donnent maintenant et dont l’Histoire se souviendra.
Il arrive à la tête d’une troupe, venant de Moray où, après avoir maté une révolte, il a vengé la mort du Mormaer. Traquant les assassins, il a rapporté leurs têtes à la veuve en pleurs tenant son nouveau-né contre son sein.
Les sorcières lui délivrent trois énigmes et lui révèlent son avenir. Il deviendra Mormaer de Moray, épousera la dame aux mains rouges et sera roi. Cependant, il est inquiet suite aux paroles des sorcières et s’en ouvre à son second. Il craint que quelqu’un ait parlé, que quelqu’un sache. Son cousin, le roi, lui donne effectivement le titre et les pouvoirs qui vont avec. À Moray il retrouve la veuve, dame Gruoch qui se désespère de ne pouvoir effacer le sang qu’elle a eu sur les mains en tenant la tête des coupables. Il lui demande de l’épouser. Elle y consent à la condition qu’il lui promette un siège de reine…
Cet album, outre l’attrait de reprendre cette pièce fantastique, vaut pour la mise en page et la mise en images de Guillaume Sorel. En couleurs directes, il met en scène ses personnages de façon magnifique et donne des décors grandioses. Il est aussi méticuleux dans les portraits que dans les plans larges, jouant avec la lumière, avec l’obscurité d’une façon peu commune. En fait, à part lui, personne dans l’univers de la BD, n’approche une telle perfection. À la fois réaliste, synthétique, son graphisme irradie, illumine.
L’éditeur, conscient de cette qualité a fait réaliser l’album sur un papier au grammage plus important que celui utilisé habituellement.
L’album se complète par un cahier graphique de sept pages qui présente des esquisses et des recherches. On ne peut que regretter qu’il ne soit pas plus étoffé.
Un premier tome exceptionnel qui sera complété par un second à venir. Quel bonheur !
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serge perraud
Thomas Day (scénario adapté de la pièce de William Shakespeare), Guillaume Sorel (dessin et couleur), Macbeth roi d’Écosse — Première partie : le livre des sorcières, Glénat, coll. 24x36, 61 planches – 16,00 €.