Les “ardore” de Leslie Smith III
Pour sa première exposition personnelle en France, Leslie Smith III présente un ensemble inédit de tableaux découpés afin de suggérer et approfondir les émotions qu’une première rencontre peut provoquer.
D’où, en lieu et place de portraits réalistes, des silhouettes abstraites, mouvantes, décadrées et fortement colorées à coups de brosse où le bleu, le vert comme le noir sur une surface brute créent des conflagrations là où les formes jouent entre elles en harmonies ou altérités.
Existent des rappels des premiers minimalistes américains : Franck Stella et ses assemblages géométriques, Charles Hinman et ses tableaux en 3 D et aussi Ellsworth Kelly ou Kenneth Noland et leurs propositions épurées à l’extrême.
Toutefois le créateur s’éloigne d’une telle approche. Il propose une peinture plus sensorielle et chargée d’émotions. Au minimalisme qui revendique le rejet de toute illusion et de toute allusion, l’artiste oppose un régime plus sentimental.
Les structure laissent poindre des chatoiements plus doux et prégnants. Les formes créent des figures fantomales dans un jeu de lignes et de plans.
Surgissent une joie, un épanouissement propres à suggérer les effets des rencontres. Existent donc moins une spéculation abstraite que des cohabitations d’interagissements entre face à face et fusion. Une telle peinture “parle” le silence dans sa fertilité agissante.
Elle métamorphose une réalité ferme pour la conduire vers une « ardore » plus existentielle qu’évanescente car elle est faite d’ici et de maintenant.
jean-paul gavard-perret
Leslie Smith III, Strangers, Galerie Isabelle Gounod, Paris, du 14 mars au 11 avril 2020.