La conquête de l’Ouest sans fards
La conquête de l’Ouest américain ne s’est pas faite sans douleurs, sans violences. Les pionniers, pour survivre, devaient s’imposer et se battre à la fois contre d’autres hommes et les éléments naturels. Avec ce premier tome, Thierry Gloris retrace la vie de Martha Cannary, une orpheline, qui entrera dans la légende sous le nom de Calamity Jane.
Autour de ce personnage en devenir, quand elle sera détentrice du secret de l’Ouest, le scénariste fait virevolter une belle galerie de personnages. Il recompose les protagonistes caractéristiques de cette époque, en ces lieux. Outre les caïds à la tête de bandes de nervis qui imposent leurs lois dans le désert législatif qui règne, on trouve les établissements qui s’installent dans le sillage des groupes d’hommes comme les bars, les bordels…
Dans l’Utah, un couple de colons et leurs deux enfants sont assassinés pendant qu’ils bivouaquent. Neuf mois après, au Kansas, James Butler Hickok, un chasseur de prime, accroche à son tableau Graton Albow pour 1 000 dollars. En fouillant dans ses affaires, il découvre un télégramme venant d’Omaha où se trouve Snake qui l’invite à venir car il y a du pognon facile.
Dans le bordel d’Omaha, la jeune Martha Cannary, assure le ménage dans les chambres et le saloon. Sa fraîcheur attire des désirs. Buch Calahan, le videur, la défend contre les hommes trop entreprenants. En allant nourrir les cochons, au fond d’un enclos, elle est violée. Buch tue l’homme, la fait soigner. Les visites du médecin, les médicaments, la chambre où elle se soigne pendant plusieurs jours coûtent cher. Et le patron du bordel veut son argent. Martha n’a pas d’autre solution que devenir une pensionnaire, une Jane, ce prénom interchangeable des prostituées.
Arrive en ville Hickok qui vient, avec le cadavre, chercher son argent chez le shérif. Il est également à la recherche d’un homme, un homme qui porte un signe bien particulier. Sa rencontre avec Martha sera déterminante pour elle…
Le progrès est présent avec l’arrivée du chemin de fer et tous les problèmes liés à son tracé. Les chasseurs de primes sont de la partie comme toutes les catégories de voyous qui trouvent moins fatigants de prendre que de travailler. Bien que, pour le personnage de Calamity Jane, il est difficile de démêler le vrai du faux, la réalité de la légende, le scénariste construit un récit tout à fait réaliste, un parcours très probable de cette jeune orpheline qui voulut survivre dans ce monde de violence.
Le graphisme de Jacques Lamontagne est particulièrement puissant. Celui-ci met en images, dessin et couleurs, une belle réalité dans le sordide, la crasse et l’ignominie. Il donne une grande importance aux personnages, ceux-ci occupant presque tout l’espace tant en plans rapprochés, américains, éloignés ou en pied. Les décors intérieurs sont soignés, précis, très agréables à regarder pour les nombreux détails. Il offre, également, quelques belles et grandes vignettes de décors extérieurs.
Ce premier tome ouvre un récit prenant, d’une belle constitution, une découverte d’un western débarrassé de toutes les enjolivures hollywoodiennes.
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serge perraud
Thierry Gloris (scénario) & Jacques Lamontagne (dessin et couleurs), Wild West – t.01 : Calamity Jane, Dupuis, janvier 2020, 56 p. – 14,50 €.