Attentive aux êtres comme aux paysages, Anna Pizzolante les enveloppe d’une lumière étrange qui les transfigure et les fait muter mais sans les déformer pour autant. La photographe remonte des traces hors nostalgie — ce qui n’empêche pas de rêver à un éternel retour dans ce qui tient d’un labyrinthe optique.
Pénétrant, il est propre à produire une fascination inquiète et un pont entre le passé et le présent. Il y a là des traversées — subreptices ou irruptives — en un travail subtil entre pans, lambeaux et entrelacs qui nous regardent comme le “petit pan de mur jaune” regardait Bergotte.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
En premier lieu ma fille, mais je dois avouer que je ne suis pas vraiment du matin. Selon la saison et la météo, la lumière d’un lever de soleil par exemple.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je les vis aujourd’hui.
A quoi avez-vous renoncé ?
A rien d’important, juste des petites choses de la vie. Je ne regrette rien.
D’où venez-vous ?
Je viens d’un petit village des Pouilles, dans le sud de l’Italie où je suis née.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’amour, le partage, la famille.
Un petit plaisir – quotidien ou non ?
Pleins. La liste est longue.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres photographes ?
Je pense que chaque photographe se distingue de l’autre, ne serait-ce que par la manière de cadrer un même sujet, de lui amener de la lumière, de traiter l’image….
Comment définiriez-vous votre approche de votre propre portrait ?
Cela dépend de la période, vous l’avez assez bien définie dans l’analyse de mon travail photographique.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Difficile à dire. Je suis née dans un monde d’images.
Et votre première lecture ?
Cela remonte à bien longtemps. J’hésite entre « Le club des cinq et les Schtroumpfs.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Je suis très ouverte question musique. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de jouer dans plusieurs formations rock métal et punk (au chant plus particulièrement.).Mais la musique, en ce qui me concerne, peut varier selon les humeurs, du hip hop au blues, du métal au punk… J’essaie depuis longtemps de découvrir le jazz.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Le parfum”.
Quel film vous fait pleurer ?
Beaucoup, je pleur très facilement en regardant un film.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une femme avec ses défauts et ses avantages.
A qui n’avez vous jamais osé écrire ?
Mon papa, je pense.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La région du Salento ( Les Pouilles, Italie).
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Jean Revillard, car il m’a appris la photographie.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Je ne suis pas dans une attente de recevoir. Mon anniversaire n’est pas des plus importants. Mais j’apprécie les petites attentions inattendues.
Que défendez-vous ?
J’aime l’idée d’être humaniste, ce qui me donne envie de me pencher sur beaucoup de causes. Actuellement, je m’intéresse de manière général au climat, plus particulièrement aux ressources naturelles.
Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ?»
Je ne suis pas d’accord avec cette phrase. Elle ne me correspond pas. Je donne de l’amour quand celui-ci est partagé.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais qu’elle est la question ? »
Vous pouvez répéter la question ? (Les Inconnus)
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
C’est une question qui me donne envie de vous en poser.
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 9 mars 2020.