Robert Pobi, City of Windows

Un polar très bien mené

Dans une New-York para­ly­sée par une tem­pête de neige, une série de meurtres d’agents des forces de l’ordre (à com­men­cer par un agent du FBI) per­pé­trés par un sni­per très doué met le FBI, en charge de l’enquête, sur les dents.

Pour ten­ter de péné­trer dans l’esprit a priori tordu et com­plexe du tueur, on fait reve­nir dans les rangs un ancien agent, Lucas Page. Non seule­ment parce qu’il a été col­lègue du pre­mier mort, mais sur­tout parce qu’il est doté, aux dires de ceux qu’il va côtoyer au Bureau, d’un « don – après tout, quel autre nom lui don­ner ? – comme un sens spa­tial par­ti­cu­liè­re­ment déve­loppé. […] qui conver­tis­sait le décor en valeurs numé­riques. » (p. 118).
Car en effet, « quand on y pense, rien n’est pire que de pour­chas­ser un homme armé d’un fusil dans une ville pleine de fenêtres. » (p. 37) A contre­cœur, Lucas Page aban­donne donc un temps ses cours d’astrophysique à la fac, où il est adulé, et sa femme Erin char­gée de toute une famille recom­po­sée d’enfants recueillis ou adoptés.

Le « génie bio­nique », sur­nommé ainsi à cause des nom­breuses pro­thèses qui recons­ti­tuent son corps (des doigts métal­liques, une jambe et un œil de verre) reprend du col­lier mal­gré les griefs qu’il garde envers le FBI, un poste qui lui a valu ces nom­breuses bles­sures et la per­sonne même qui vient le cher­cher, Koebe, aussi froid que désa­gréable.
Même si désa­gréable, Lucas Page l’est aussi aux yeux de la plu­part des gens, atteint qu’il est par un Asper­ger qui en fait un être à l’intelligence sur­dé­ve­lop­pée mais inca­pable de feindre l’intérêt, la com­pas­sion ou l’amabilité.

L’enquête entraîne aussi le lec­teur dans le fin fond de l’Amérique, entre les fer­vents défen­seurs des armes et les croyants tout aussi fer­vents en un Dieu tout-puissant – qui sont sou­vent les mêmes. À tra­vers une énigme et un sus­pense fort bien menés, Pobi n’hésite pas à égra­ti­gner la société de son pays, notam­ment son culte de la vio­lence.
Au fil des pages, il mêle l’avancée de l’intrigue, les dia­tribes anti-armes, mais en n’allant jamais dans un seul sens. Rien de mani­chéen dans son approche et ses des­crip­tions, tout le monde en prend pour son grade, autant le FBI que les col­lec­tion­neurs d’armes, la police que les habi­tants du fin fond de cette Amé­rique tel­le­ment recro­que­villée sur elle-même.

Un gros livre dont le style assez ciné­ma­to­gra­phique emporte le lec­teur jusqu’au bout.

agathe de lastyns

Robert Pobi, City of Win­dows, tra­duit de l’anglais (États-Unis) par Mathilde Hel­leu, Les Arènes (Equi­noxe), jan­vier 2020, 496 p. – 20,00 €

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Filed under Pôle noir / Thriller

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