Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d’une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d’écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu’esthétique, il a trouvé une assiette dans l’activité de poète. Il écrit aussi pour le théâtre. L’auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L’Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.
Pour décrire brièvement mon impression du livre que Florence Jou a écrit lors de sa résidence au Grand Café de St-Nazaire, je voudrais évoquer l’abeille, l’abeille travailleuse et ses métaphores.
D’ailleurs, les trois chapitres de l’ouvrage sont titrés Alvéole 1, 2 et 3. Et avec elles une sorte de danse, celle de l’apidé devant la ruche. Car c’est bel et bien du monde du travail dont il est question. Et avec une écriture renseignée, grâce à des toponymes, des mots précis de l’univers du bureau d’études ou des chantiers navals, des témoignages, on peut voir un style s’élaborer.
Oui, un texte appuyé sur le travail manuel – et en un sens, écrire est aussi une activité manuelle.
J’ai peu rencontré de poésie assujettie au monde du labeur ouvrier, sinon peut-être chez Michel Vinaver et son théâtre. Donc, ainsi peut-être que le faisait Zola pour ses dossiers, peut– on comprendre en quoi s’étagent la réalité et la littérature.
Dans une démarche d’hyménoptère butinant.
“Les instruments étaient leurs organes,
les lignes tracées naissaient de gestes éprouvés,
de gestes qui s’ajoutent à d’autres.
Ils suivaient un chemin d’observation
et se déplaçaient selon les horizons changeants.
Ils ne perdaient pas la notion de trajectoire.
Ils travaillaient en performance,
les tracés jamais désolidarisés du corps,
les conversations en continu pour faire naître des structures.“
(p. 18)
didier ayres
Florence Jou, Alvéoles Ouest, éd. Lanskine, 2020 — 13,00 €.