Entretien avec Betty Tompkins (“Fuck paintings etc.”)

Lire notre article sur l’exposition de Betty Tomp­kins : Fuck pain­tings etc.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Un désir de voir ce qui va arri­ver dans la jour­née. Un désir de voir ce que je peux faire dans mon ate­lier. Je pré­fère être en éveil plu­tôt qu’en som­meil Je n’ai pas de pro­blème pour me lever le matin. (A desire to see what will hap­pen during the day. A desire to see what i can do in my stu­dio. I would rather be awake than asleep. I have no trouble get­ting up in the morning.)

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Quant j’étais enfant je vou­lais deve­nir dan­seuse et j’ai com­mencé dès l’âge de 4 ans. J’étais très sérieuse dans cet appren­tis­sage. Mais quand le moment fut venu d’entrer au lycée je me suis rendu compte de tout ce que cela enten­dait pour faire cela de manière pro­fes­sion­nelle : musi­ciens, cho­ré­graphes, dis­po­ni­bi­lité de salles de répé­ti­tions, public, etc. J’ai ainsi com­pris la dif­fé­rence entre deux niveaux pour se réa­li­ser dans cet art. Je n’avais aucune envie de deve­nir cho­ré­graphe, je vou­lais juste deve­nir dan­seuse.  Alors j’ai aban­donné et je suis allé vers les arts visuels. Ceci s’est révélé être une déci­sion pres­ciente : j’ai déve­loppé un trouble de l’équilibre quand j’avais 25 ans et ma car­rière comme dan­seuse se serait effon­drée. (When i was a child, I wan­ted to be a dan­cer. i star­ted when i was 4 years old. i was very serious about it. By the time i was ready to enter col­lege, i rea­li­zed how dependent i would be on others to do this pro­fes­sio­nally. Musi­cians, cho­reo­gra­phers, avai­la­bi­lity of rehear­sal spaces, audiences, etc. Thus i lear­ned the dif­fe­rence bet­ween the pri­mary and secon­dary arts. I had no desire to be a cho­reo­gra­pher just to dance. So i gave it up and went into the visual arts ins­tead. This tur­ned out to be a pres­cient deci­sion as I deve­lo­ped a balance disor­der when i was 25 and my career as a dan­cer would have come to a cra­shing end anyway.)

A quoi avez-vous renoncé ?
A mon pre­mier mari. Je sais que c’était une déci­sion consciente et tout s’est déve­loppé à par­tir de là. (I gave up my first hus­band. Now THAT was a conscious deci­sion. Eve­ry­thing else has just evolved).

D’où venez-vous ?
Je suis née à Washing­ton DC, j’ai grandi à Phi­la­del­phie je suis allée en pre­mier cycle uni­ver­si­taire à l’Université de Syra­cuse puis pour le second au Cen­tral Washing­ton State Col­lege d’Ellensbrurg (Washing­ton). Depuis l’âge de 24 ans, je vis à New-York. (I was born in Washing­ton DC, grew up in Phi­la­del­phia, went to under­gra­duate school at Syra­cuse Uni­ver­sity, gra­duate school at Cen­tral Washing­ton State Col­lege in Ellens­burg, WA, moved to New York City when i was 24 and have been there ever since.)

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je n’en ai aucune idée. C’est une chose à laquelle je ne pense pas. A vous de me le dire. (I have no idea. This is not some­thing I think about. You tell me !)

Où tra­vaillez vous et com­ment ?
J’ai deux espaces vie-travail : un à New-York City et un autre la cam­pagne à Wayne County (Penn­syl­va­nie). J’aime le contraste de vivre et de tra­vailler dans deux envi­ron­ne­ments. De plus en plus j’aime tra­vailler à la cam­pagne car il y a peu d’interruptions et c’est très calme. (I have live/work spaces in both NYC and in the coun­try­side in Wayne County, PA. I enjoy the contrast of wor­king and living in two envi­ron­ments. More and more, I like wor­king in the coun­try because there are few inter­rup­tions and it is very quiet).

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Per­sonne. (Noone.)

Quelles musiques écoutez-vous en tra­vaillant ?
Je suis pas­sée par dif­fé­rentes phases. Par­fois uni­que­ment de l’opéra. Par­fois uni­que­ment du jazz. Par­fois uni­que­ment des chan­sons de song­wri­ters fémi­nines. Par­fois uni­que­ment des ragas hin­dous. Main­te­nant uni­que­ment le silence. Je suis plus concen­trée sans musique. Le silence me centre mieux sur mon tra­vail. Je n’ai pas besoin de musique pour trou­ver un rythme pour mon tra­vail et y res­ter enga­gée. Et je n’aime pas être dis­traite. (I have gone through phases. Used to be only opera. Used to be only jazz. Used to be only girl song writers/singers. Used to be Indian raga music and chan­ting. Now only silence. i am more focu­sed without the music. i concen­trate bet­ter. I don’t need it to set a rhythm for work or to keep me enga­ged. And I don’t want to be distracted.)

Quel est le livre que vous aimez relire ?
J’aime lire les com­pi­la­tions d’articles sur l’art écrit par ceux qui publient dans les maga­zines à grande dif­fu­sion parce qu’ils uti­lisent un lan­gage et des concepts acces­sibles. Loo­king Out de Jerry Saltz et Post — to — Neo  de Cal­vin Tom­kins sont mes pré­fé­rés. ( I like rea­ding col­lec­tions of art cri­ti­cal essays by those who write for large cir­cu­la­tion maga­zines because they use lan­guage that makes the art and the concepts acces­sible. Jerry Saltz’s Loo­king Out Lou­der and Cal­vin Tomkins’s Post — to –Neo are two of my favo­rites).
(ndt : les deux livres ne sont pas tra­duits en fran­çais. Le livre de Saltz est une com­pi­la­tion de ses articles au Vil­lage Voice, celui de Tom­kins un choix de ses textes pour le New-Yorker)

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez vous ?
Moi-même bien sûr. (Myself of course.)

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
J’ai vécu pen­dant quelques temps aux Ever­glades en Flo­ride. Il y a là des sites qui me paraissent pré­his­to­riques. Cela conserve le par­fum du passé. (I have been to the Ever­glades in Flo­rida a few times. There are sites there that seem to me to be pre-history. It just smells old.)

Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
J’apprécie les tra­vaux, les suc­cès et les luttes de plu­sieurs artistes dont – mais la liste n’est pas limi­tée – Clau­dia DeMonte, Debo­rah Kass, Judith Bern­stein, Joyce Pen­sato, Nancy Spero, Lisa Beck, Lori Elli­son, and Jen­ni­fer Wynn Reeves. (I am enjoying the work and suc­cesses and struggles of seve­ral artists inclu­ding but not limi­ted to Clau­dia DeMonte, Debo­rah Kass, Judith Bern­stein, Joyce Pen­sato, Nancy Spero, Lisa Beck, Lori Elli­son, and Jen­ni­fer Wynn Reeves).

Quel film vous fais pleu­rer ?
L’argent pour finan­cer “Kno­cked Up”. (The cre­dits in Kno­cked Up.)
(ndt : Kno­cked Up, comé­die roman­tique de Judd Appa­tow, 2007).

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Une longue vie et une bonne santé. (Long life and good health.)

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je ne pense pas que les pla­ti­tudes signi­fient grand chose. (I don’t think pla­ti­tudes mean much.)

Enfin que pen­sez vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?”
Je suis une grande fan de Woody Allen. C’est très drôle. (I am a huge Woody Allen fan. This is very funny.)

Pro­pos recueillis par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com en décembre 2012.

Leave a Comment

Filed under Non classé

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>