Métamorphoses (Ovide/ Sarah di Bella/ Luca Giacomoni)

De l’incertitude qui nous constitue

La scène est visible dans la pénombre ; des per­sonnes des choses y sont dis­po­sées sans ordre appa­rent, comme gisantes. Des chants de longues plaintes sont enton­nés, pro­fé­rés dans le noir. Durant ce chant pro­fond, les pro­jec­teurs sont bra­qués sur le public. Pro­gres­si­ve­ment, les femmes ini­tia­le­ment pros­trées appa­raissent à la lumière.
On explore la perte, la des­truc­tion, les atteintes à la dignité des formes. Des incan­ta­tions, des mou­ve­ments sans contrôle, des muta­tions inté­rieures qui conduisent à des transes à voca­tion expia­toire. La force qui se mani­feste est dras­tique, tel­lu­rique, géné­rique, dra­ma­tique. Ici, il s’agit de la fra­gi­lité, de l’incertitude qui nous consti­tue : notre iden­tité agit là comme une menace.

Le spec­tacle est puis­sant, déli­cat, réussi. Il place cha­cune des pro­ta­go­nistes dans une situa­tion incan­ta­toire qui la conduit à libé­rer l’énergie qui la noue sur elle-même pour en faire une explo­sion de gestes essen­tiels. Des bac­cha­nales fémi­nines se déroulent selon un rite ténu, qu’il convient de suivre avec finesse, sans pon­dé­ra­tion. L’aisance à explo­rer des déchi­rures intimes pro­cède mani­fes­te­ment de l’écriture au pla­teau.
Des atti­tudes long­temps pro­pi­tia­toires mènent par des voix tor­tueuses à des poses expia­toires. Tout en sym­boles, la mise en scène par­vient à mon­trer à dis­tance, sans dési­gner, pour ne pas effrayer les sens mais les secouer pour les apaiser.

Une belle repré­sen­ta­tion, qui par­vient à trans­fi­gu­rer la bles­sure en armure, la cas­sure en parure.

chris­tophe gio­lito & manon pouliot

Méta­mor­phoses

d’après Ovide

adap­ta­tion Sarah di Bella

mise en scène Luca Giacomoni

Une scène de Méta­mor­phoses de Luca Gia­co­moni — photo Cha Gon­za­lez Photo de répé­ti­tion © Cha Gonzalez

chant Eugé­nie De Mey Claire Trouilloud en alter­nance ; dra­ma­tur­gie Sarah di Bella ; assis­ta­nat à la mise en scène Giu­sep­pina Comito ; col­la­bo­ra­tion artis­tique Nadine Naous et Vio­laine Lochu lumières Bar­tolo Filippone.

Au théâtre de la tem­pête, Car­tou­che­rie, Route du champ de manœuvre – 75012 – Paris,

Du 16 jan­vier au 14 février. Réser­va­tions 01 43 28 36 36

https://www.la-tempete.fr/

 

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