Quand les robots sont plus humains que les humains…
Cette série axée sur les androïdes, ces robots à l’apparence humaine, propose une vision différente de ces humanoïdes. Composée de one-shot, elle est scénarisée par un auteur nouveau à chaque tome, offrant ainsi un large éventail de possibilités selon la sensibilité ou les thèmes de prédilection de ces créateurs.
Pour le présent album, l’humanisme de Jean-David Morvan sert de base à un récit, certes futuriste, mais qui plonge ses racines dans notre quotidien nourri par Internet et les réseaux sociaux, par les conflits tant armés qu’économiques.
Ati-Arian, une planète à la lisière du Colonyverse, est assaillie par les Insankatilers, des monstres qui ne laissent aucun survivant derrière eux. C’est la 76ème attaque portée sur les mondes colonisés par les humains. Des groupes d’androïdes, baptisés les Dernières Anges, ont pour mission d’aller récupérer le contenu des brainbis des victimes, ces disques mémoriels implantés à la naissance sur tous les humains. Elles sont fabriquées avec les mêmes matériaux, configurées avec les mêmes logiciels mais il arrive que l’une d’entre elles soit différente, se réveille avec une conscience, ressente des émotions et ainsi revive les existences qu’elle a enregistrées sur les cadavres.
C’est sur la planète Ilog, qu’Elle est ainsi confrontée à un choix quand elle découvre, angoissée, un survivant. Celui-ci s’enfuit. Elle le poursuit voulant le sauver et tombe sur tout un groupe d’humains qui l’encerclent. C’est pourtant impossible, il n’y a jamais eu de survivants…
Dans le futur imaginé par Jean-David Morvan, l’expansion a été si rapide, en deux siècles, que le gouvernement central terrien n’a plus les moyens logistiques, ni les ressources financières pour protéger ces planètes lointaines, au nombre de 3146. Celles-ci, face à la menace, commencent à se révolter et parlent d’indépendance.
Avec cette androïde déviante, appelée simplement Elle, dotée d’une conscience, le scénariste développe une situation habile qui tient compte de réalités économiques, d’accès à la lucidité et du cynisme des dirigeants. Avec un art du récit qui n’est plus à démontrer, il organise une intrigue de toute beauté, riche en actions, en sujets de réflexion, en coups de théâtre et une chute immorale, mais si réaliste.
Le dessin a été confié à Elia Bonetti. Celui-ci commence à se faire une solide réputation avec des albums de la série des Inquisiteurs et Prométhée (Soleil). Il donne un graphisme efficace, réalise des vues de l’espace, de flottes de vaisseaux spatiaux superbes, aussi superbes que ses androïdes qu’il dote d’un visage très féminin et d’une gracieuse plastique.
C’est Elmer Santos qui assure la mise en couleurs, créant des atmosphères du plus bel effet.
La Dernière Ange se découvre avec un grand plaisir pour le scénario retord, avec une pointe de cynisme, de Jean-David Morvan et une mise en images fort réussie.
serge perraud
Jean-David Morvan (scénario), Elia Bonetti (dessin) & Elmer Santos (couleurs), Androïdes – t.07 : La Dernière Ange, Soleil, coll. “Fantastique”, janvier 2020, 56 P. – 14,95 €.