Hiatus pour mots disparus et langue laminée
Entre la douleur et “la silencieuse lave de larmes” et un irrépressible éros, Lydie Planas crée une oeuvre qui interroge autant le verbe que le corps d’où il jaillit “à la cambrure de la nuit, aux draps de contes enroulés”.
Les mots de désir se renversent en diverses façon et fièvres là où le corps de l’autre n’est pas forcément “en repons”.
Celle qui “lampe” son ventre à la venue d’une lointaine larme au sein de la nuit tente tout autant d’”arracher le soleil” à la courbe du ciel. Si bien que tout joue entre l’espace et le vide, le corps et ses mots. “Je” devient un cri. Et l’encre le hurle car il faut trouver des mots pour l’articuler face aux gouffres du silence.
L’auteure crée ainsi des hiatus pour des mots disparus et à revenir là où les humeurs liquides du corps créent un étrange cocktail. Lydie Planas - en une poésie de l’intime — reste d’une extrême pudeur. D’où la force d’un tel travail et de ses équations où restent en x ou y l’inconnue en ce creusement du corps aux souvenirs de la chair.
Quoique “hiératique hier à être, hier à dire, tant à taire” , le corps brûle au coeur d’une frustration que le processus poétique tente tant que faire se peut de biffer même dans la rupture d’être et d’aimer.
“L’être à la faille du dire, un être sans rien à dire” peut et se doit encore “un murmure, un immobile balbutiement” où tout bouge encore un peu.
A côté de l’écartement le “M’en noir” ose encore la couleur de la chair et le “Men corps”. Il s’agit de tenir où tout crisse dans les labyrinthes du “je”.
jean-paul gavard-perret
Lydie Planas, Je anatomique suivi de Dites, Richard Meier, Editions Voix, 2020
Entre la douleur et “la silencieuse lave de larmes”…
C’est magnifique et émouvant