Katrien de Blauwer : le doute émis
Katrien de Blauwer dans une suite de photographies-montages présente une femme énigmatique. Celle qui est souvent nommée « photographe sans caméra » se focalise sur le collage et ses narrations en morcellements de situations épicuriennes. La figure féminine est mise comme à distance mais tout autant rapprochée à partir de la surface jaunie de pages de vieux magazines.
L’artiste découpe et défigure cette matière première et tout un récit paradoxal se met en place.
Ces fragments iconographiques du corps révèlent une histoire intime du temps à travers les femmes de papier glacé. L’artiste en retient des morceaux du plaisir, mais aucun visage, ni regard ne vient perturber afin la liberté d’interprétation. Ici deux histoires parallèles révèlent deux moments de vie.
Il est question de séduction féminine où apparaît à peine une figure masculine. La plasticienne place le spectateur en un regard masculin.
Existe une atmosphère étrange, un rien voyeuriste, qui rappelle autant les films noirs que ceux de la Nouvelle Vague. L’amour n’est pas traité en obsession mais reste un prétexte à ce qu’il devient en passant d’un temps à un autre là où le sexuel montre à peine le bout de son nez et où Vénus semble à sa proie arrachée.
jean-paul gavard-perret
Katrien de Blauwer, Isabelle à 24 ans… Isabelle à 42 ans…, Musée des Beaux-Arts Le Locle, du 15 février au 1er juin 2020.