Constance, la fille de Bohémond II, prince d’Antioche et de Tarente, et d’Alix de Jérusalem a six ans quand meurt son père.
Unique héritière, elle est écartée du pouvoir par sa mère qui veut gouverner la principauté. Mais Constance, en se mariant en secret avec Raymond de Poitiers, de vingt-huit ans son aîné, reprend les rênes.
Les guetteurs, du haut des murailles, voient arriver une armée au loin. Ils se réjouissent pensant que ce sont les soldats d’Antioche de retour. Constance fait fermer les portes, armer les murailles après avoir envoyé un cavalier vers le roi Baudoin pour demander son aide. Foin de l’armée de Raymond de Poitiers, c’est celle de Nur Ad-Dia. Un émissaire propose d’épargner les habitants contre les clés de la ville. La princesse refuse et les assauts commencent.
Le second jour, alors que le siège s’installe, quelques cavaliers, menés par Renaud de Chatillon, franchissent les lignes ennemies. C’est un jeune chevalier fougueux récemment arrivé en Terre Sainte. Il annonce l’arrivée de l’Ost de Baudoin. Lorsque celui-ci arrive, il annonce à Constance la défaite de l’armée de son époux et sa mort.
Constance, veuve, va gouverner, Antioche pendant quatre ans. Mais une jolie princesse ne peut rester seule et les prétendants sont nombreux…
En décrivant le parcours de Constance, morte à trente-six ans, Jean-Pierre Pécau fait revivre une belle page d’Histoire, quand les « Européens » occupaient le Moyen-Orient. À partir de la principauté d’Antioche, une terre arménienne, il détaille les luttes des Croisés contre les Musulmans, les guerres menées par les uns et les autres, les conquêtes des Templiers, les diverses fortunes des armes pour la possession des territoires.
Avec Constance, une jeune femme ayant un pouvoir dans un univers d’hommes, de guerriers, de conquérants avides de fortunes et de gloire, il dresse un magnifique portrait féminin. Cette princesse que sa mère avait écartée pour régner à sa place a su user de ruse pour se hisser à la place qui lui était destinée et de diplomatie pour garder son rang, son titre, et sa terre.
Constance avait le talent de savoir choisir et elle a pu s’appuyer sur deux hommes solides qui ont su l’aider et la seconder.
Avec un dessin réaliste, Gabriele Parma met en images ce destin, les différentes étapes de son parcours, avec un goût très sûr et d’une belle manière. Il ne néglige aucun détail, tant dans le fracas des batailles, les charges des chevaliers que les assauts sur les murailles. Il restitue les décors, les accessoires, le faste des palais et le côté sanglant des combats avec la même qualité.
Dimitri Fogolin installe, avec des couleurs chaudes, l’atmosphère de ce Moyen-Orient inondé de lumière et de chaleur.
Avec cette Princesse rebelle, Jean-Pierre Pécau ressuscite une personnalité presque oubliée, une femme de caractère qui a su s’imposer dans un monde qui n’était pas fait pour elle. Son scénario solide est soutenu par des planches de belle facture dues au travail conjugué de Gabriele Parma et Dimitri Fogolin.
serge perraud
Jean-Pierre Pécau (scénario), Gabriele Parma (dessin) & Dimitri Fogolin (couleur), Les Reines de sang — Constance d’Antioche : La princesse rebelle — volume 2, Delcourt, coll. “Histoire & histoires”, janvier 2020, 56 p. – 14,95 €.