Jean-Pierre Pécau & Gabriele Parma, Les Reines de sang — “Constance d’Antioche : La princesse rebelle” — volume 2

Un beau por­trait de femme !

Cons­tance, la fille de Bohé­mond II, prince d’Antioche et de Tarente, et d’Alix de Jéru­sa­lem a six ans quand meurt son père.
Unique héri­tière, elle est écar­tée du pou­voir par sa mère qui veut gou­ver­ner la prin­ci­pauté. Mais Constance, en se mariant en secret avec Ray­mond de Poi­tiers, de vingt-huit ans son aîné, reprend les rênes.

Les guet­teurs, du haut des murailles, voient arri­ver une armée au loin. Ils se réjouissent pen­sant que ce sont les sol­dats d’Antioche de retour. Constance fait fer­mer les portes, armer les murailles après avoir envoyé un cava­lier vers le roi Bau­doin pour deman­der son aide. Foin de l’armée de Ray­mond de Poi­tiers, c’est celle de Nur Ad-Dia. Un émis­saire pro­pose d’épargner les habi­tants contre les clés de la ville. La prin­cesse refuse et les assauts com­mencent.
Le second jour, alors que le siège s’installe, quelques cava­liers, menés par Renaud de Cha­tillon, fran­chissent les lignes enne­mies. C’est un jeune che­va­lier fou­gueux récem­ment arrivé en Terre Sainte. Il annonce l’arrivée de l’Ost de Bau­doin. Lorsque celui-ci arrive, il annonce à Constance la défaite de l’armée de son époux et sa mort.
Constance, veuve, va gou­ver­ner, Antioche pen­dant quatre ans. Mais une jolie prin­cesse ne peut res­ter seule et les pré­ten­dants sont nombreux…

En décri­vant le par­cours de Constance, morte à trente-six ans, Jean-Pierre Pécau fait revivre une belle page d’Histoire, quand les « Euro­péens » occu­paient le Moyen-Orient. À par­tir de la prin­ci­pauté d’Antioche, une terre armé­nienne, il détaille les luttes des Croi­sés contre les Musul­mans, les guerres menées par les uns et les autres, les conquêtes des Tem­pliers, les diverses for­tunes des armes pour la pos­ses­sion des ter­ri­toires.
Avec Constance, une jeune femme ayant un pou­voir dans un uni­vers d’hommes, de guer­riers, de conqué­rants avides de for­tunes et de gloire, il dresse un magni­fique por­trait fémi­nin. Cette prin­cesse que sa mère avait écar­tée pour régner à sa place a su user de ruse pour se his­ser à la place qui lui était des­ti­née et de diplo­ma­tie pour gar­der son rang, son titre, et sa terre.
Constance avait le talent de savoir choi­sir et elle a pu s’appuyer sur deux hommes solides qui ont su l’aider et la seconder.

Avec un des­sin réa­liste, Gabriele Parma met en images ce des­tin, les dif­fé­rentes étapes de son par­cours, avec un goût très sûr et d’une belle manière. Il ne néglige aucun détail, tant dans le fra­cas des batailles, les charges des che­va­liers que les assauts sur les murailles. Il res­ti­tue les décors, les acces­soires, le faste des palais et le côté san­glant des com­bats avec la même qua­lité.
Dimi­tri Fogo­lin ins­talle, avec des cou­leurs chaudes, l’atmosphère de ce Moyen-Orient inondé de lumière et de chaleur.

Avec cette Prin­cesse rebelle, Jean-Pierre Pécau res­sus­cite une per­son­na­lité presque oubliée, une femme de carac­tère qui a su s’imposer dans un monde qui n’était pas fait pour elle. Son scé­na­rio solide est sou­tenu par des planches de belle fac­ture dues au tra­vail conju­gué de Gabriele Parma et Dimi­tri Fogolin.

serge per­raud

Jean-Pierre Pécau (scé­na­rio), Gabriele Parma (des­sin) & Dimi­tri Fogo­lin (cou­leur), Les Reines de sangConstance d’Antioche : La prin­cesse rebellevolume 2, Del­court, coll. “His­toire & his­toires”, jan­vier 2020, 56 p. – 14,95 €.

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