Picturographies d’Eric Vassal
Eric Vassal travaille bien des genres et techniques : sculpture, peinture, estampe et photographie. Ancien élève de l’Ecole du Louvre, des Beaux-Arts de Paris, de l’école supérieure des arts graphiques Penninghen, ses rencontres avec le graveur Hayter et César furent déterminantes. Jusqu’en 1997, il est illustrateur pour Le Monde, Le Figaro et réalise des affiches pour de grandes sociétés ou institutions et de nombreuses couvertures pour l’édition (PUF, Gallimard, par exemple).
Depuis 1998 — date de sa première exposition importante (galerie AMG, Paris) -, il a réalisé plus de 40 expositions personnelles, dans des musées, centres d’arts, et galeries d’art contemporain en France et à l’étranger.
Ses portraits jouent de divers rapports entre la photographie et l’intervention graphique. Surgissent une ambiguïté, un humour et une légèreté subtile pour capter le regard en un jeu d’apparition et de disparition. Le créateur utilise les vides et les pleins afin que, de contours inattendus, se révèlent des forces vives. Elles jaillissent par des formes de diffractions et entrelacs.
Tout s’ouvre entre unité et dispersion en un jeu avec des espaces équivoques et poétiques afin de rendre le familier inconnu et l’inconnu le familier par effet de réalisme transformé.
Les personnages deviennent des figures étranges dans divers jeux de miroirs ou de relances. L’artiste propose une forme d’apparition paradoxale, de présence en creux. L’image ne crée ni la possession carnassière des apparences, ni la mimesis dont le prétendu “réalisme” reste la forme la plus détestable.
Les séries de photographies “Dagyde” et “Agnosis” présentées à la galerie sont inspirées du cinéma que le créateur revisite. Dans la seconde, l’artiste comme il l’écrit réanime “le patrimoine cinématographique en mettant en évidence une vision structuraliste du discours image / langage”. Dans la première série, des poupées se “brisent” dans une sorcellerie reprise sur un mode enjoué au service d’une psyché où la piqûre et la brûlure feignent l’effet de vérité.
L’ébranlement du regard réclamé à l’art passe ici par des structures qui jouent du dedans et du dehors, de l’envers et de l’endroit en un cérémonial hallucinatoire mais non sans humour.
L’imaginaire trouve la possibilité de faire émerger non une simple image au sens pictural du terme mais une interrogation fondamentale sur l’art.
jean-paul gavard-perret
70 Eric Vassal, Galerie L’Antichambre, Chambéry, du 14 février au 28 mars 2020.