M. J. Arlidge, À cache-cache

Dans une situa­tion dramatique…

Le roman­cier décrit, avec une pré­ci­sion cli­nique, l’univers car­cé­ral, la vio­lence qui y règne, les hié­rar­chies, les réseaux de toutes nature, la drogue qui cir­cule presque libre­ment, les caïds et leurs sbires, l’automutilation. Il n’épargne rien. Il fait part des rap­ports de force entre la direc­tion, les sur­veillantes et les réseaux des caïds, les jeux de pou­voir, la corde raide sur laquelle se trouvent ces enca­drants pour conser­ver un calme rela­tif, les conces­sions faites pour cela.

Helen Grace, l’ex-commandant de police attend son pro­cès, enfer­mée depuis quarante-six jours dans la pri­son d’Holloway. Elle subit quo­ti­dien­ne­ment un flot d’insultes et de vio­lences gra­tuites. Dans l’univers car­cé­ral, l’officier de police se situe entre les indics et les tueurs d’enfants. Elle doit sur­vivre encore cin­quante jours avant d’avoir la pos­si­bi­lité de prou­ver son inno­cence.
Leah Smith est sub­mer­gée par la peur. Elle sait qu’elle a, dans la pri­son, une meute à ses trousses.
Helen savait que Robert Sto­ne­hill, méti­cu­leu­se­ment, avait déposé des preuves l’incriminant sur les scènes de crime, tuant les soirs où elle ne pou­vait pas avan­cer d’alibi. Il l’avait ame­née à men­tir sur ses rela­tions per­son­nelles avec les vic­times.
Une gar­dienne découvre, au matin, le cadavre de Leah atro­ce­ment mutilé dans la cel­lule voi­sine de celle d’Helen. Pour­tant, bien que dor­mant très peu, elle n’a rien entendu. La décou­verte engendre parmi les pri­son­nières, des rumeurs, un regain de ten­sions. Helen trouve un peu de com­pa­gnie auprès de Jordi, une tra­vailleuse du sexe qu’elle a aidée à consti­tuer sa demande de liberté condi­tion­nelle. Cepen­dant, elle com­prend qu’elle doit trou­ver l’assassin avant d’être tuée. Elle com­mence à fure­ter. Mais cela dérange Annie, une pri­son­nière à la tête d’un petit groupe de tau­lardes qui, pour son tra­fic de drogues, fait régner la ter­reur. Helen en fait les frais. Et puis, un nou­veau meurtre…

Avec À cache-cache, le sixième roman ayant pour héroïne Helen Grace, l’auteur place celle-ci dans une situa­tion extrê­me­ment cri­tique. Enfer­mée dans la pri­son avec des femmes qu’elle a arrê­tées, avec des femmes qui vomissent la police, avec des femmes qui craignent pour la sécu­rité de leurs juteux tra­fics et qui cherchent à l’éliminer. De plus, l’auteur lui affecte un offi­cier de réfé­rence, un sadique à la car­rure impres­sion­nante qui prend plai­sir à lui assi­gner les cor­vées les plus dégra­dantes, les fouilles humi­liantes…
Le roman­cier a voulu créer un per­son­nage tout en zones d’ombre, doté d’un carac­tère trempé mal­gré un passé très com­pli­qué et un pré­sent qui ne l’est pas moins. Elle est empri­son­née dans l’établissement péni­ten­tiaire où sa sœur a été enfer­mée après avoir assas­siné ses parents. Il donne vie à un per­son­nage extrê­me­ment com­plexe mais qui attire l’empathie.

À tra­vers un récit dyna­mique, dur, cruel, voire bar­bare, il pose nombre de ques­tions, d’interrogations de fond mais natu­relles. Il fait mesu­rer le déses­poir, le puits sans fond de celles qui sont condam­nées à per­pé­tuité, qui n’ont plus une once d’avenir. Avec ce roman, M. J. Arlidge place la barre bien haute pour les souf­frances qu’il fait vivre à Helen Grace. Com­ment pourra-t-il accroître encore les dif­fi­cul­tés qu’elle ren­contre ?
Deux nou­veaux livres sont parus au Royaume-Uni, deux ouvrages qu’on a hâte de lire tant les intrigues sont menées avec brio, avec une sin­gu­lière héroïne.

serge per­raud

M. J. Arlidge, À cache-cache (Hide and Seek), tra­duit de l’anglais par Séve­rine Que­let, Les Escales, février 2020, 384 p. – 21,90 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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