Fraîcheur rare et sensualité très particulière
Carole Bellaïche est en seconde lorsqu’elle décide de photographier certaines camarades filles de sa classe. Elle agit à la fois pour les séduire et de se rapprocher des plus belles : elle les maquille, scénarise, déguise, dans sa grande maison familiale. Ce “travail” ressemble à un jeu aussi étrange que léger et sérieux.
Pour autant, la créatrice ne se prend pas pour une photographe. Elle le deviendra très vite, après le lycée.
Elle réalisera des books de portraits d’acteurs et d’actrices mais abandonne et oublie ses premières photographies et ses pellicules dorment des années, et s’altèrent.
Bien plus tard, elle y repense et les exhume de son passé d’adolescente. Mais elles ont été modifiées à l’épreuve du temps. La plupart d’entre elles sont rongées, partiellement effacées ou redessinées par le travail chimique et inconscient du temps. Elles gardent néanmoins une beauté formelle particulière.
Existent un cadrage et une vision d’une fraîcheur rare et d’une sensualité très particulière.
La jeune fille en fleur semble en repons absolue à ses modèles puisqu’elles partagent les mêmes âge et aspirations.
Le trouble est souvent présent dans ce jeu que l’artiste fomente en innocence conditionnelle avec ses copines.
jean-paul gavard-perret
Carole Bellaïche, Entre jeunes filles, texte d’Alain Bergala, Editions Yellow Now, 2017, 96 p. –14,00 €.