Il faut se méfier de l’écriture “dormante” de Colette Fellous : dès qu’on rentre dedans, elle fait des vagues. Des vagues de vagues. Comme si tout se transformait en un film. Pas n’importe quel film. Un désir de film de solitude mais aussi de chair filiale ou sororale.
Un film sans film. Sans pellicule. Pour le désir d’être. Non plus enfermé ou retenu comme l’auteure elle-même dans certains de ses précédents livres.
Ici, son château intérieur est moins kafkaïen. Comme s’il était vidé ou nettoyé à quatre mains. Pour le bien que ça fait à son auteure. Certes, elle écrit seule mais cette remontée se génère par celle qui l’accompagne dans un voyage à Kyoto où s’inscrivent à la fois des paysages à la Ozu mais aussi des visions plus colorées et vives.
Et ce, par effet d’éloignement, pour vivre, revivre son enfance en une sorte de psyché, vivre enfin dans une sorte de paix. S’y sentir invité. Se sentir chez soi si loin, si loin. Et non le temps d’un film mais une sorte d’éternité en un présent non pulsé pour qu’il puisse s’étirer.
Un temps à la Duras où se laisser aller. Comme dans le courant d’un étrange fleuve Amour. Tout Colette Fellous est là. D’une certaine façon, et en dépit de ses sauts de côté et ses silences du jadis.
C’est un film muet mais un cinéma parlant et si bien. Parlant de l’origine. Atmosphère, atmosphère. D’où ce murmure.
Preuve que la littérature ne montre pas mais fait mieux : elle apprend à (se) voir. Elle enseigne le temps.
Pour entrer dedans. Moteur !
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jean-paul gavard-perret
Colette Fellous, Kyoto Song, Gallimard, coll. Blanche, Paris, 2020, 192 p. — 20,00 €.
Intéressant ! Ça donne envie de lire .
La littérature murmure quand son auteure se met à l’heure des douces origines
partir à la découverte des douze saisons… au gré de l’histoire par ses mots souples comme le roseau et puissants comme le vent