FRNCK s’impose comme une référence…
Avec cet adolescent coincé bien malgré lui dans la Préhistoire, Olivier Bocquet régale ses lecteurs en faisant preuve d’une imagination plus que débordante.
Il multiplie les péripéties, intégrants de nouveaux protagonistes, multipliant les décalages dans le temps et les passages par des portes temporelles.
En 1974, Anoukis, une jeune fille d’origine égyptienne, a des soucis avec sa mobylette. Un groupe de garçons, dont le meneur est très entreprenant, veut l’aider. Elle répond que son copain va venir et elle interpelle le premier qui se présente, un garçon très petit. Ils comprennent qu’elle se moque d’eux. Anoukis et son “copain” peuvent s’enfuir.
Au calme, ils font connaissance. Il s’appelle Franck et, comme il fait de la spéléologie, sa petite taille lui est utile pour se glisser dans les failles. Il propose d’initier la jeune fille et rendez-vous est pris pour le lendemain. Dans le parcours que Franck a choisi ils découvrent soudain des dessins, une esquisse d’alphabet et, pris dans une concrétion, un étrange appareil plat. Ils n’ont jamais vu un tel instrument. L’examen avec une loupe laisse apparaître un dessin, “peut-être une pomme ou un abricot” déclare Anoukis. En le manipulant, ils déclenchent sa mise en route et écoute un bout de message, voit un jeune garçon qui se dit du XIXe siècle coincé dans la Préhistoire.
Dans la Préhistoire où il a neigé, Franck et Kenza sont à la recherche de nourriture. Un homme petit et manchot surgit de derrière des buissons avec la volonté de tuer Franck. Le retour de Kenza l’en empêche. Elle arrive avec deux gros œufs de quoi rassasier la tribu. Mais les œufs éclosent…
L’ auteur organise de façon très ludique et très humoristique les aventures dramatiques de ses personnages. En plaçant une partie de son récit en 1974, il offre des possibilités narratives intéressantes avec un smartphone qui n’existait pas. Il joue superbement avec les décalages entre les connaissances des hommes préhistoriques et celles d’un adolescent du XIXe siècle nourrit aux nouvelles technologies. On peut se poser la question : qu’en sera-t-il dans 50 ans de nos appareils qui semblent si perfectionnés ?
Olivier Bocquet s’offre, cependant, quelques libertés car il est peu probable, dans l’état actuel de la science paléontologique, que les humains aient pu cohabiter avec les dinosaures. Mais le scénariste le sait ! Cependant, il tire de ces petits écarts de si belles péripéties et des dialogues si pétillants qu’il serait dommage de s’en priver. Toutefois, outre l’humour, il sait glisser nombre de remarques sur l’état de notre société, sur la différence, sur les rapports entre humains, sur les mensonges que certains sont prêts à proférer pour être reconnus ou faire parler d’eux.
Brice Cossu assure un dessin de plus en plus attrayant avec des traits légers donnant une belle élégance tant à ses personnages qu’à ses décors. Il sait donner des postures dynamiques aux protagonistes et une façon efficace de leur faire exprimer leurs sentiments, leurs émotions. La mise en couleurs de Yoann Guillo n’est pas étrangère, loin s’en faut, à la réussite de ce graphisme.
Cet album est réjouissant par la qualité de son scénario, l’inventivité de l’intrigue, la qualité des planches. FRNCK confirme son statut de série de référence.
serge perraud
Olivier Bocquet (scénario), Brice Cossu (dessin) & Yoann Guillo (couleurs), FRNCK – t.06 : Dinosaures, Dupuis, janvier 2020, 56 p. – 10,95€.