Matz & Luc Jacamon, Le Tueur – Affaires d’État : t.01 – Traitement négatif

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Le Tueur est de retour…

Six ans après que Matz ait abandonné son héros fétiche, il propose de nouvelles aventures dans un cadre différent, bien nouveau pour son Tueur. Ainsi, il n’est plus à son compte, il est salarié et mène, en apparence, la vie d’un cadre avec des heures de présence dans un bureau, une paie qu’il considère comme médiocre. Il n’a guère de relations avec son entourage, ses collègues, s’étant vite lassé des conversations insipides qui tournent autour du foot, de l’immobilier, de la télévision, des enfants, des bagnoles, des montres… 
Il a l’impression d’être dans le prolongement du lycée avec les ragots, les rumeurs, les jalousies et les histoires de cul…

En pleine ville, de nuit, un homme fuit devant cinq autres mais il ne peut leur échapper.
Quatre mois plus tard, sous le prénom de Denis, le Tueur est assis devant un ordinateur, dans un bureau qui donne sur les quais d’une ville portuaire. Il semble mener une vie ordinaire, retrouve son appartement au quatrième étage d’un petit immeuble. Il est rejoint par Barbara et Nicolas. Celle-ci fait le lien avec les commanditaires. Le Tueur s’est fait mettre la main dessus, au fond de la Patagonie, par des agents de la DGSE. Ne voulant pas que son squelette repose dans la pampa, il a accepté le marché. Il est cadre à temps partiel dans une entreprise. Cette couverture masque les missions qu’il doit effectuer pour la DGSI.
Barbara leur désigne une cible à éliminer, le premier d’une liste. Il s’agit de Nabil Jebbouri. Nicolas s’interroge : « On a besoin de filer le train et de monter à deux sur un simple gratte-papier ? » Mais, ce qu’ils découvrent en le suivant, en attendant l’occasion…

Parallèlement, Matz déploie un récitatif qui appelle à de profondes réflexions où il fait état, par l’intermédiaire du tueur, de pensées, remarques, voire de sentences sur l’existence, la mort, la raison d’État, les actions souterraines, leur utilité. Il s’interroge sur son rôle, sur son existence hors des sentiers battus.
Mais l’intrigue prend vite le relais et le Tueur, accompagné de ses deux complices, entre dans le vif du sujet : les trafics de tous genres, la corruption, l’achat à quel prix d’une pseudo paix sociale au détriment de la sécurité, les exactions, les compromissions, les exécutions…

Le scénariste s’est inspiré de faits réels qu’il assemble dans une intrigue où il aborde des questions essentielles : jusqu’où peut aller la corruption des élus ? Jusqu’où l’État peut-il aller dans l’élimination physique ? À l’étranger ? Sur le territoire métropolitain ? Le graphisme de Luc Jacamon est toujours aussi efficace, revenant aux techniques classiques du dessin sur papier, à la couleur directe. Le rendu des ambiances est superbe et les scènes toujours aussi dynamiques.
Avec Traitement négatif, Matz signe un magnifique retour d’un héros plus cynique que jamais, alternant désespoir et humour noir, porté par le graphisme d’un Luc Jacamon inspiré.

serge perraud

Matz (scénario) & Luc Jacamon (dessin et couleur), Le Tueur – Affaires d’État : t.01 – Traitement négatif, Casterman, janvier 2020, 56 p. – 18,00 €.

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