Piétinement dans l’inutile
Ce film réaliste et prolétaire — du moins en partie — n’a rien de rose. C’est le moins qu’on puisse dire. Une scène de sexe (qui ne se termine pas) ouvre le film avant que, sortant du lieu clos, se parcourent les rues et les usines pour s’extraire du contexte naturaliste en tentant une série d’artifices de genre ou de motifs.
La fiction se transforme en vague road-movie déprimant sous forme de bricolage dans l’inutile de deux héros. Rodolphe Burger est venu là offrir une musique qui pourrait être une espérance. Gallota aussi. Pour des chorégraphies improbables. Françoise Lebrun fait ce qu’elle peut en vieille femme indigne entourée d’enfants.
Le problème du lien argent-désir tente de sortir du documentaire pour raconter le réel d’une autre façon. Mais cela ne marche pas forcément par trop d’artifice sur l’investissement du corps prolétaire et érotique. Il existe donc des tentatives de sortir d’un certain type de narration. Mais l’ensemble reste inconséquent même si l’idée de départ est aussi intéressante qu’artificielle.
Les 12000 euros que le héros doit rapporter ne sont qu’un prétexte. Cela tourne au cliché c’est du sous, sous-Claire Denis ou Bruno Dumont par manque de complexité là où la fantaisie, en voulant échapper au naturalisme, n’est qu’un mime.
jean-paul gavard-perret
Douze mille
de : Nadège Trebal
avec : Arieh Worthalter, Nadège Trebal, Liv Henneguier
genre : Drame
durée : 1H51mn
sortie : 15 janvier 2020
Synopsis
Frank se fait chasser d’une casse automobile où il travaille clandestinement. Dans sa région, c’est la zone, pas de travail. Bien que très attaché à sa vie avec Maroussia, Frank doit partir trouver du travail ailleurs, loin de chez lui. Douze mille euros : c’est la somme dont ils conviennent tous les deux, la somme qu’il devra gagner avant de revenir. Mais Frank va-t-il revenir fidèle ? Au moins fidèle à lui-même ? Va-t-il seulement revenir…