Certains l’aiment chaud

Sur fond de jazz, d’alcool et de sexua­lité, Wil­der fait du tra­ves­tis­se­ment et du dégui­se­ment les révé­la­teurs des fra­giles fron­tières entre hommes et femmes

Certains l’aiment chaud — classé, en 2000 par l’Institut Amé­ri­cain du Film en tête des films les plus drôles du 20e siècle — consti­tue le com­pa­gnon idéal de tout ciné­phile qui se res­pecte : assis­ter aux tri­bu­la­tions des musi­ciens de Chi­cago, Joe (Tony Cur­tis) et Jerry (Jack Lem­mon), for­cés de se fondre à un groupe de jazz fémi­nin sous les traits de José­phine et Daphné parce qu’ils viennent d’être les témoins d’un règle­ment de compte entre mafieux, est un pur moment de jouis­sance sub­ver­sive, osons le mot. D’autant plus que le départ en train du saxo­pho­niste et du contre­bas­siste pour la Flo­ride va leur per­mettre de faire la connais­sance de la superbe Sugar (Mari­lyn Mon­roe), chan­teuse et joueuse d’ukulélé de son état rêvant d’épouser un mil­lion­naire, ce qui ne man­quera pas de déclen­cher moult stratagèmes…

Après tout, séduire et tra­fi­quer, c’est tout un, non ? Après Sept Ans de réflexion (“Seven Years Itch”, 1955), Billy Wil­der met en scène Mari­lyn Mon­roe dans une tré­pi­dante recons­ti­tu­tion de l’époque du Jazz-Band et de la pro­hi­bi­tion (“chaud” désigne ici le Jazz “hot”, enten­dons “endia­blé”). Paro­die des comé­dies de couple des thir­ties à la Pres­ton Sturges ou des films de gang­sters à la Scar­face, Some like it hot réserve une place de choix à Tony Cur­tis et Jack Lem­mon, couple de tra­ves­tis qui font des ravages au milieu d’un orchestre de “vraies” femmes. L’ancien scé­na­riste de Lubitsch joue à fond la carte du comique de situa­tion et de dupli­ca­tion, nous régale de fameux qui­pro­quos : on songe en par­ti­cu­lier à la scène du train où une party don­née dans la cou­chette de Jerry fait que l’écran est sou­dain encom­bré par un fouillis de corps féminins…

Impla­cable cri­tique de l’hypocrisie des rela­tions entre hommes et femmes dans la société amé­ri­caine, voilà un chef d’oeuvre d’humour grin­çant qui exp(l)ose les rouages du men­songe et de l’intérêt entendu à tra­vers un trai­te­ment jusqu’auboutiste de l’ambiguïté sexuelle. Sur fond de jazz (qua­si­ment un per­son­nage à part entière du film, si, si !), d’alcool et de sexua­lité, Wil­der fait du tra­ves­tis­se­ment et du dégui­se­ment les révé­la­teurs des fra­giles fron­tières entre hommes et femmes pour abou­tir à cette pirouette finale : ” Per­sonne n’est par­fait “. Non seule­ment, on peut vision­ner l’oeuvre dans son for­mat d’origine, mais en plus ce titre béné­fi­cie d’une appré­ciable quan­tité de bonus. Ainsi, dans l’interview de Tony Cur­tis au For­mosa Café (monu­ment de Hol­ly­wood situé à côté du stu­dio de Samuel Goldwyn où a été tourné le film), l’acteur avoue son admi­ra­tion pour le réa­li­sa­teur et scé­na­riste Billy Wil­der tout en dis­til­lant des anec­dotes qui ravi­ront les incon­di­tion­nels… et les autres !

fre­de­ric grolleau

Cer­tains l’aiment chaud

edi­teur : Fox Pathé Europa Un film de : Billy Wil­der Avec : Mari­lyn Mon­roe, Tony Cur­tis, Jack Lem­mon, George Raft, Pat O’Brien, Joe E. Brown Durée : 117 mn Année : 1959 / For­mat video : 16:9 com­pa­tible 4/3 Piste audio : Fran­çais, Ita­lien, Anglais 5.1 Dolby Digi­tal Sous-Titres :Fran­çais, Anglais, Ita­lien, Hol­lan­dais / Bonus o Bandes-annonces o Docu­men­taire : “Regard nos­tal­gique” (31 mn) o Repor­tage : “Sou­ve­nirs de Sweet Sues” (12 mn) o Gale­rie d’images 3D : “Sou­ve­nirs vir­tuels” (20 mn) o Gale­rie de photos

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