Fallait-il à tout prix publier ce texte voulu comme une suite à Lune de miel ? C’ est le dernier livre sur lequel Cavanna a travaillé avant de mourir mais il était loin d’être finalisé.
A n’en pas douter, Cavanna lui aurait apporté bien des retouches.
Trente ans après Les Ritals et Les Ruskoffs, Cavanna avec Lune de miel paraissait déjà en dessous de son habituelle ligne de flottaison. Et entrer dans la collection Blanche ne suffit pas à faire oublier ses romans publiés sous un label moins prestigieux ainsi que ses textes premiers écrits sous l’aile du Professeur Choron aux éditions de l’Etoile.
Il existe certes dans Crève Ducon ! encore de la verve et de l’insolence, et de nouvelles évocations de la période du STO en Allemagne, de l’aventure de Hara Kiri et aussi des atteintes de l’âge qui inquiétaient l’auteur. Reste aussi bien sûr un regard sur le monde. Mais tout est loin d’être ajusté.
Cavanna sait encore se rendre touchant et drôle mais c’est comme si le coeur et l’esprit y étaient — sinon déjà plus — moins. Souvent l’auteur se perd dans des anecdotes qui sentent la redondance.
Dès lors, cette nouvelle parution, si elle ne retire rien à l’intérêt pour l’auteur, ne lui en apporte pas plus.
jean-paul gavard-perret
François Cavanna, Crève, Ducon !, Gallimard, collection Blanche, Paris, 2020, 240 p.