Si les légendes sur les non-morts, sur les vampires, existent depuis des temps reculés dans la plupart des mythologies du monde, ce sont les XVIIe et XVIIIe siècles qui les ont “immortalisées”, dans une période où le romantisme, puis le spiritisme, la nécromancie faisaient fureur. Le vampire, terme issu de diverses origines slaves, germanisé en vampir par l’administration autrichienne ayant à statuer sur des cas en Serbie, illustre le concept du monstre qui se nourrit du sang ou de l’énergie vitale des vivants.
Le vampire, tel qu’il nous est décrit, apparaît pour la première fois, dans un roman de John Polidori, en 1819, intitulé tout simplement The Vampyre. Il est écrit par le médecin de Lord Byron. C’est ce dernier qui sert de modèle au héros du récit. Mais c’est Bram Stoker qui assoie, pour des siècles, cette figure légendaire avec son Dracula, un roman paru en mai 1897 qui, cependant, n’a pas eu à sa parution la consécration dont il jouit aujourd’hui.
Tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent au thème connaissent le développement de l’intrigue de Bram Stoker. Alors que la belle et jeune Mina se morfond en attendant son fiancé, celui-ci a dû aller au fin fond de l’Europe, en Transylvanie, pour traiter une affaire immobilière. Il rencontre le comte Dracula, un étrange client qui fera son malheur, portant le fléau des Carpates jusqu’à Londres.
C’est ce roman que Georges Bess a choisi d’adapter en bande dessinée. Mais, peut-on encore parler de bande dessinée face au travail d’illustrations réalisé par l’auteur ? N’est-ce pas plutôt une compilation de tableaux, une fresque à la beauté antique gothique, que proposent à la publication les éditions Glénat avec cet opus ?
Le créateur présente, en virtuose, des dessins aux traits expressifs, riches en détails, à la finition impeccable. Il réalise des cadrages audacieux, des découpages au résultat irréprochable. Les mouvements, les expressions sont travaillées pour rendre le meilleur effet. Les décors sont à l’avenant. Que ce soit la nature, les forêts, les habitations et leurs intérieurs, les ruines, les cimetières… tout est magnifiquement rendu.
Si le choix du noir et blanc s’imposait pour un tel récit, on n’imagine pas une once de couleurs dans ces planches. Pourtant, Pia Bess, apporte une telle touche ajoutant des trames de gris qui renforcent le graphisme.
Pour le contenu du scénario, Georges Bess reste très fidèle au livre, apportant sa touche à la marge. Le roman culte de Bram Stoker, face à cette adaptation, perd son aura, sa puissance narrative comparé à ce pur chef-d’œuvre de Georges et Pia Bess.
serge perraud
Georges Bess (scénario d’après le roman de Bram Stoker, dessins) & Pia Bess (“couleurs”, post-production), Dracula, Glénat, coll. “Hors collection”, octobre 2019, 208 p. – 25,50 €.