Photographier devient pour le Barcelonais Neus Sola le moyen de désarticuler certains regards. Nous entrons dans la vie des gitanes à coups d’étirements, de prolongations parfois des sutures. Existe toujours une observation de l’agir et du non agir comme une transmission sans courroie. Cela n’enclenche pas sur rien. Au contraire.
Neus Sola sait que, par l’anonymat de telles “poupées”, il permet de faire ressentir le frisson qui flotte. Moments rares, rentrés d’épines enfoncées dans les idées. Avant toute forme définitive tout va, s’étire. Le photographe ramasse, lange, offre ce qu’on ignore souvent. Il fait la lumière même si parfois elle a mal à ses formes, ses couleurs, ses secrets.
Les échines de ses poupées deviennent une poussée de l’ imaginaire qui avance comme un courant chaud à l’intérieur d’une épaisseur cachée. Le monde gitan n’est plus à craindre et il ouvre à une réalité poétique dont tout est ignoré ou presque. Des “poupées” surgit le nécessaire à toute vie. Les ouvertures mettent le bas en haut.
La vie n’est plus volatile. Ordre et chute sont détachés tant est fort le désir de défaire et de refaire.
Le photographe donne du poids au corps en chute libre. Dans cet espace hanté, la poésie s’ouvre à travers des territoires méconnus, derniers espaces (en péril) de liberté.
jean-paul gavard-perret
Neus Sola, Poupées, Corridor Elephant, Paris, décembre 2019.
Poupée de cire ou poupée de son mais rien ne vaut gitana blanca de Sola .
Gitano Blanco
https://www.youtube.com/watch?v=bPSsx0EvWl0