Vulnérabilité en territoire hostile
Magali Cazo pose des visages, des paysages et des mots sur ce qui était déjà présent dans l’art, la littérature et sa propre vie. Celle-ci ne fut pas toujours facile. La créatrice met en scène sa vulnérabilité en territoire hostile.
Demeurent néanmoins des traces de moments éphémères, “échos d’enfance soufflés à l’oreille : par les souvenirs de châteaux de sables”. La création les affiche désormais avec de la distance.
C’est la manière pour celle qui doute de se rassurer et de reprendre ce qui lui échappe et n’a pas forcément de nom. Le dessin permet une poésie discrètement érotique. Tout est de l’ordre de l’effleurement entre deux mondes pour remettre en question des idées acquises. Mais l’artiste et auteure anticipe aussi sur l’avenir : ” je serai seule, comblée par le temps passé avec ceux que j’aime, je serai rassasiée. Ce sera un jour tendre, tiède, doux comme une caresse”.
Et c’est ainsi que la vie et l’oeuvre avancent après des visions dont l’artiste ne conserve que l’essence.
Toute la féminité est là : tant par les formes rondes que par une douceur qui n’a rien de mièvre. Magali Cazo poursuit ses métamorphoses : “parfois ça meurt, souvent ça naît. C’est un spectacle du genre tragique. Et sublime..”. il y a presque rien ; il y a presque tout.
Une vie larvaire et carnassière mais aussi des envolées. “La peine est contenue dans l’allégresse”, c’est la nécessaire ombre au tableau. Elle lui confère sa beauté là où à la vulnérabilité se conjugue la lucidité.
jean-paul gavard-perret
Magali Cazo, éponyme (Editions de la salle de Bains) & Les exuvies (éditions Les Fragiles)