Entre la magie céleste et la terrestre
Le photographe italien Gaudenzio Marconi (1841–1885) illustra parfaitement le lien qu’entretenait à l’époque cet art naissant et la peinture. La plupart de ses images étaient des nus. Et ce, à la fois par intérêt pour le sujet mais aussi pour une utilité pratique. À cette époque, artistes et étudiants utilisaient des photographies comme matériau-source pour leurs travaux.
D’ailleurs, à partir de 1871, le label de l’atelier Marconi portait le titre de «Photographe de l’École des beaux-arts» en raison de ses relations avec elle.
Le créateur fit beaucoup de tirages à l’albumine à partir de plaques de collodion humide. Ses personnages prennent des poses à l’Antique ou selon les canons esthétiques de la Renaissance. Et Marconi préféra à un fond baroque des décors neutres pour mettre en valeur les forme du corps et leurs mouvements tendus parfois dans des positions inhabituelles qu’il aurait été difficile de tenir pour les modèles vivants.
Néanmoins, ces œuvres “d’étude” dépasse largement le simple propos utilitariste. Marconi devint le pionnier de la photo de nu et ouvrit une voie où ces propres images près de 150 plus tard n’ont rien de désuètes ou surannées. Elles lient l’éros à un effet d’abyme par indurations et résonances. Entre la magie céleste et la terrestre, Marconi fit entrer l’éros par ses enchanteresses.
Il appelle à l’horizon de la (faible) volonté du voyeur tout un système de transfusion et de transvasement. L’hygiène la plus intime restera apparemment celle du mental. Mais un doute subsiste.
jean-paul gavard-perret
Gaudenzio Marconi, Galerie Daniel Blau, Munich, de 4 novembre au 17 novembre 2019.