Présentée par l’éditeur du livre comme “Individu de sexe frémissant né durant l’automne de 1965″, Isabelle Simon présente ici bien des turbulences dans ses météorites carbonées et plus qu’acidulées depuis les “zones de basse pression cévenoles où elle sévit”. Est-elle bipolaire (c’est très à la mode eu égard à certains rapports isotopiques) ? Nul ne peut le dire.
Mais son cerveau est certainement sensible aux variations cyclothymiques qui entraînent chez l’auteure certains “troubles ascensionnels qui, de saison en saison, ne semblent pas vouloir s’arranger”. Mais il y a là plus affections qu’infections. La créatrice ne se contente pas de demeurer passive. Elle possède la faculté de trouver “d’illusoires réponses dans la prédiction — au doigt mouillé — des phénomènes aléatoires par la reconfiguration des noumènes, frasques similaires aux carnets dans lesquels sont scrupuleusement colligés ses relevés”.
Elle n’en est pas à son coup d’essai : après ses Outrages de dame chez le même éditeur et son coupable et coupant Manuel de castration (chez Simorgh du Gard) elle poursuit un babil de garce dangereuse qui n’a rien à voir avec les romans de gare. Les leçons d’inconduite dès lors ne cessent de pleuvoir : ” Tu as déjà fait l’amour à plusieurs ? — C’est mieux, oui ! Toute seule, c’est un peu triste… “.
Et, anecdote de l’osmose pas forcément rosse, elle nous rappelle que c’est “sous les couvertures l’on se découvre le mieux.” Et la gourgandine préfère celui qui vient la lutiner à ceux qui s’invitent juste “pour se taper ma bouffe, ma bière et mon tabac !”
Il faut dire que l’auteure possède des connaissances précises sur le sexe. Elle ne fait pas que subodorer ce que son clitoris attend — même si beaucoup de partenaire semblent n’en avoir cure moins par chasteté que par le désir urticant de leur propre urêtre (ou ne pas urêtre). En conséquence, l’auteure promeut une diversité d’approches au choix shakespearien.
Elle cherche sa sublimation non par la fameuse théorie des cordes mais des corps. Exit “l’ennui de la baise à la papa-maman”. Il lui faut une autre méthode que celle de l’ancienne génération où tout se passait juste après le brossage des dents — du moins les bons samedi soirs sur la Terre.
La seule branlette nécessaire elle celle qui secoue l’étiquetage du vice et de la vertu. Pour le reste, chacun fait à la va comme se pousse l’autre. Bref, “On aime, on désire, on s’élance ou se sauve, on s’arrange, on se débrouille !“
C’est la morale des autres qui se charge de l’étiquetage. Preuve que l’apprentissage d’une certaine sagesse reste un exercice de lenteur.
jean-paul gavard-perret
Isabelle Simon, Aucun signe d’amélioration, Image de Robert (Al) Varlez, Cactus inébranlable édition, coll. P’tit Cactus # 57, Amougies, Belgique, 2019, 86 p. — 9,00 €