De la tiédeur à la surchauffe
Proche de Fluxus, le groupe ECART constitua à Genève tout un réseau international de l’avant-garde avant de se dissoudre en 1982. Pour fêter ses 50 ans, ce travail d’ensemble permet de comprendre comment explorer de manière inédite l’art d’une époque, ses remises en question esthétiques et ses créations poétiques et politiques.
Le groupe Ecart — palindrome du mot “trace” — fut fondé par John Armleder, Claude Rychner et Patrick Lucchini en 1969. Il transforma les données de production, de diffusion et de réception de l’art. L’Almanach le prouve à travers près de 400 documents d’archives accompagnés d’une dizaine d’essais éclairant la richesse des archives Ecart. Ils sont l’oeuvre de Laura Bohnenblust, Lionel Bovier, Nicolas Brulhart, Yann Chateigné, Katarzyna Cytlak, Elisabeth Jobin, Dora Imhof, Adeena Mey, Émilie Parendeau et Reiko Tomii
Le groupe — à partir du minimalisme et de l’art conceptuel - a fait bouger bien des lignes et a induit divers courants où la notion de créateur et de collectif sont revisités. Les idées encore neuves et des images de “rappel” zèbrent ce livre important qui ramène “Ecart” à la lumière avec ses discours, méthodes et réalisations.
Il y eut des abandons bénéfiques et des mouvances essentielles. Le corps admis de l’art fut écarté par enjambements et gambades ludiques ou sérieuses.
Et le mouvement fut pour l’Europe un point de départ dont le chemin reste encore à parcourir au moment où l’urgence de certains précipices se fait sentir.
jean-paul gavard-perret
Elisabeth Jobien & Yann Chateigné, L’Almanach ECART. Une archive collective, 1969–2019, Editions art&fiction (Lausanne) & HEAD — Genève , 2019 — 45,00 CHF.