Mathilde Coq ouvre à une démesure féminine en une revendication à “transparêtre” dans un mystérieux miroir d’absolu et de chair. Elle ose bien des audaces mais toujours de manière impeccable. Et si la pulsion fait naître des fleurs de désir, l’artiste les infuse. Le voyeur est dérobé au monde objectif et à lui-même. Se créent des portes et des empreintes au souffle indistinct. L’œuvre fait éprouver le contact et la distance.
Entre ces deux “points” se respire la chaleur. Quant à la mélancolie, elle est remisée dans une valise doublée de la soie de l’artiste. Agenouillée, elle cherche les perles de son rire. La libre entrave du corps nu délivre le soleil des entrailles de la mer. Les émotions n’ont plus d’âge ou de genre.
A l’étroitesse fait place l’amplitude. Vêtu juste d’un café noir, le corps pudique, impudique possède sa liberté.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La sonnerie du réveil.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je les nourris un peu chaque jour.
A quoi avez-vous renoncé ?
Au progrès.
D’où venez-vous ?
D’une ferme au fin fond de la campagne.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’insolence.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Boire, fumer, manger et tout ce qui se pratique autour d’une table.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Tout j’espère.
Comment définiriez-vous votre approche de l’éros ?
Je m’en approche en biaisant, sur un air de Sainte-Nitouche.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Les entrailles d’un porc fraîchement tué.
Et votre première lecture ?
Les premières lectures sérieuses, à l’adolescence, c’était Boris Vian, “La rose et le réséda” d’Aragon ou encore “Rhinocéros” de Ionesco.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Des chansons françaises le plus souvent.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je n’aime pas relire les livres.
Quel film vous fait pleurer ?
Je ne sais pas, je pleure très facilement.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Mon double social.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Personne je crois, j’ose écrire.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Moyen-Orient en particulier les grandes villes de l’ancienne Perse.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
C’est difficile de n’en citer que certains mais j’ai une tendresse particulière pour Milan Kundera et Salman Rushdie, les surréalistes en général et mes rencontres avec Paul-Armand Gette et Marie-Laure Dagoit ont été déterminantes
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une surprise.
Que défendez-vous ?
Le droit à la singularité.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je trouve que Lacan n’a pas eu de chance, moi j’ai reçu beaucoup.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
C’est absurde et drôle, W. Allen me fait beaucoup rire.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Comment tout ça va finir ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 23 novembre 2019.