Et le timbre devient son — Fabienne Verdier
Pour Fabienne Verdier, l’important n’est pas d’où viennent les motifs, mais plutôt ce qu’ils deviennent. L’artiste cultive le sens du détail précis (influencé par son travail en Chine) afin de donner l’impression d’une réalité abstractive qui piège le regardeur au sein de multiples combinaisons propices à diverses interprétations.
C’est pourquoi, requise par La Poste pour la publication d’un timbre, elle n’a pas voulu traduire en un si petit format tout son engagement créatif corporel et mental. Plutôt que de reproduire intégralement un de ses tableaux elle a préféré retenir un détail. Il préserve et suggère l’énergie et le flux vital de l’oeuvre.
Pour parvenir au tableau finalement choisi pour le timbre, Fabienne Verdier a réalisé douze œuvres présentées chez Lelong & Co. Ravie d’inventer des histoires qui ne sont néanmoins en rien des narrations, l’artiste construit un univers du renouveau du désir quelle qu’en soit la nature. Elle nous projette dans un espace des limites sans que nous sachions si nous restons en dedans ou si nous sommes déjà au dehors…
La méthode est proche de celle Jackson Pollock. Néanmoins, loin du “dripping” les “signes” sont remplacés par une force tellurique, céleste, aquatique donc vitale. Elle semble une propulsion et un bouillonnement surgis des profondeurs de l’être.
L’artiste explore un monde étrange en des scénographies sourdement tourmentées. S’y mêlent douceur et violence voire un éros dégagé d’inhibition ou d’exhibition, de peur, de préjugés.
Au regardeur de faire preuve du même abandon là où une pratique du cérémonial joue par les mouvements et les jeux de couleurs..
jean-paul gavard-perret
Fabienne Verdier, Autour d’un timbre, Galerie Leong and Co, Paris, du 21 novembre 2019 au 18 janvier 2020.